Au Bénin, la réforme du système partisan visait à structurer l’arène politique, autrefois éclatée entre une kyrielle de partis sans base réelle. Désormais, seuls les partis capables de réunir au moins 10 % au plan national peuvent se vanter de faire le poids. Une exigence qui marginalise les formations minoritaires comme Restaurer l’Espoir, Moele-Bénin et Renaissance Nationale, absentes à l’Assemblée nationale et dans les communes.
Emmanuel Dulac HOUSSOU
Ces partis, sans députés ni maires, incarnent ce que Giovanni Sartori qualifiait de partis présents dans l’espace public, mais incapables d’influer sur la formation du pouvoir et le vote des lois au parlement. Dans une logique plus contemporaine, Peter Mair et Richard Katz parleraient de « partis hors-cartel », exclus d’un système disputé par les grandes formations – UP-R, BR, les Démocrates. Pourtant, les micro-partis résistent. Moele-Bénin, par exemple, valorise un patriotisme économique basé sur la consommation locale. RN prône l’éthique publique et la refondation économique, tandis que RE se maintient dans l’opposition frontale. Leur survie relève d’une stratégie de niche, voire d’une identité idéologique forte des « partis de témoignage » au sens de Maurice Duverger.
Mais dans un paysage politique où la réforme a aussi rationalisé l’offre électorale, ces partis peinent à se faire une place durable. Faute de poids électoral ou d’alliance stratégique, ils restent à la marge tolérés, parfois courtisés, souvent ignorés. La cohabitation avec les géants du système partisan est donc, pour eux, une double épreuve .L’opinion nationale se demande comment ils pourront arriver à s’affirmer dans l’arène politique béninoise faces aux géants ? Va-t-on participer à de nouvelles alliances politiques ? Les prochains jours nous édifieront.
