Quand une histoire d’amour s’arrête, c’est tout un monde qui s’effondre. Certains le vivent en silence, d’autres n’arrivent pas à refouler la douleur. Mais dans tous les cas, le chagrin d’amour laisse des traces. Afin de mieux comprendre ce que vivent celles et ceux qui ont vu leur cœur briser, nous avons recueilli des témoignages sincères de jeunes gens. Et Pour les éclairer, deux spécialistes prennent aussi la parole : le Lean Practitioner Charbel Camille Ollams-Ola et le psychologue clinicien Comlan Kouassi.

Samirath MOUMOUNI
Divine Satondji, 21 ans, raconte une rupture qu’elle vit encore difficilement : « Sans mentir, c’était vraiment douloureux. C’est la première fois que j’ai ressenti une douleur aussi profonde ». Le plus dur, dit-elle, c’est d’accepter l’absence et se dire qu’il ne fera plus partie de ma vie. Pour tenter d’oublier, Divine se plonge dans le travail et les papiers. Mais elle avoue que la reconstruction n’a pas encore commencé. « Franchement, je n’ai trouvé aucun moyen pour le moment. C’est trop dur à accepter… ». Selon le psychologue Comlan Kouassi, ces douleurs sont tout sauf imaginaires. « Le chagrin d’amour génère une blessure du cœur qui se traduit par une souffrance intense. Parfois, elle se manifeste par des douleurs physiques ou une baisse de l’estime de soi ». Arif, lui aussi, en garde un souvenir marquant : « Dans ma tête, j’ai ressenti comme un vide. Dans mon corps, comme des pincements au niveau du cœur ». Pour lui, oublier et repartir de zéro est une véritable épreuve. Comme beaucoup, il a tenté de s’accrocher à ses proches et à ses activités. « J’ai essayé de me consoler en me disant qu’on n’était peut-être pas faits l’un pour l’autre. J’ai compté sur mes proches et sur mon boulot », confie-t-il. Cependant, même avec le temps, il doute d’une guérison complète. «C’est comme après une opération … On ne guérit jamais totalement. Même quand on croit que c’est fini, la cicatrice reste ». Une réalité que le psychologue confirme. Il explique que le chagrin d’amour est un véritable deuil, avec ses propres étapes : déni, colère, tristesse, acceptation… et parfois, reconstruction. Le Coach Charbel renchérit : « Il ne faut pas minimiser la douleur. Le deuil amoureux est réel. Mais avec un bon accompagnement et le temps, on peut transformer la blessure en leçon ».
Les illusions du courage et de la prière
Uriel Akinocho n’hésite pas à briser les clichés sur les hommes. « J’ai bien envie de dire que j’ai géré comme un homme, mais non, c’était tout sauf une partie de plaisir. J’étais sincèrement abattu », raconte-t-il. Lui aussi a souffert d’avoir dû côtoyer son ex comme si de rien n’était. Il a trouvé du soutien dans ses relations amicales : « Mes amis et collègues m’ont soutenu même s’ils ne savaient pas ce que je traversais ». Avec le temps, Uriel dit être devenu une meilleure version de lui-même, mais il garde une leçon amère : « Tout le monde ne mérite pas le bonheur. Ce que j’ai vécu m’a fait perdre confiance ». Une phrase qui en dit long sur l’impact émotionnel de certaines séparations. Le coach Charbel, dans une précédente interview, rappelait : « Il ne faut pas faire de son passé une prison. Tirer les leçons, oui. Mais se priver de l’amour à cause d’une blessure, non ». Des propos que le psychologue appuie en disant : « Après une rupture, certains scénarios de la vie, souvent inconscients, prennent le dessus. On peut développer la croyance qu’on n’est pas digne d’être aimé, ou qu’on finira toujours seul ».
Mariane, quant-à elle, a appris à transformer sa douleur en force : « J’ai mal vécu mes ruptures. On sent comme une douleur à la poitrine. Le plus dur, c’était d’oublier les souvenirs, les promesses… ». Mais elle a trouvé des stratégies pour avancer : « Je m’efforçais de sortir, je faisais du sport, je priais beaucoup, je me tenais occupée, je trouvais du réconfort dans la nourriture ». Aujourd’hui, elle affirme être reconstruite : « Je garde de l’amour, pas de haine. J’ai gagné en maturité. J’ai compris que l’amour demande du respect, de la communication et de l’humilité ». A en croire le psychologue, il est possible de se reconstruire après rupture. « On peut se reconstruire après un chagrin d’amour, à condition de prendre du recul, de comprendre sa part de responsabilité et d’apprendre à se reconnecter à ses besoins », déclare Comlan Kouassi.
Se relever prend du temps… mais c’est possible
Divine dit que cette épreuve lui a appris que l’amour n’est pas éternel. Arif pense qu’il faut désormais se méfier et ne plus faire confiance aveuglément. Mariane, elle, garde la foi mais avec plus de lucidité. Le chagrin d’amour laisse des cicatrices, mais il ne signe pas la fin du bonheur. Coach et psychologue s’accordent : le soutien de l’entourage, la foi, les activités positives, et parfois l’aide thérapeutique, sont des clés précieuses. Et surtout, comme le dit Uriel : « Ce n’est pas la fin du monde. Sors, amuse-toi, rencontre du monde. Et garde espoir. Le meilleur reste à venir ». Coach Charbel conclut : « Même les ruptures les plus douloureuses peuvent ouvrir un chemin. On n’en sort pas indemne, mais on peut en sortir plus fort, plus vrai ».