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Célébration de Vodun Days au Bénin : regards croisés de quelques autorités religieuses

Date :

Cosme A. Ahossi, Prophète de Dieu à Somè dans l’arrondissement de Togba

« Du point de vue culturelle, c’est une fête qui renforce l’identité nationale et favorise le tourisme »

Personnellement, j’ai deux points de vue sur la fête du vodoun au Bénin. Si je prends la fête du vodoun du point de vue cultuel, c’est une fête religieuse par rapport auquel je suis très réticent parce qu’elle glorifie la créature et les ténèbres au détriment du créateur de l’univers. En effet il y a un seul Dieu qui mérite notre adoration, et ce Dieu c’est celui qui s’est révélé aux Hébreux et qui a envoyé son unique fils Jésus-Christ nous racheter et nous sauver de l’enfer. Alors si je dois vouer mon adoration à quelqu’un, c’est à celui là seul et à nul autre. Du point de vue culturelle la fête du Vodoun, célébrée chaque 10 janvier, est un événement culturel qui renforce l’identité nationale et favorise le tourisme. Elle permet aux Béninois et aux descendants d’Africains déportés de se reconnecter à leurs racines culturelles. C’est pour cela que moi je conseillerai vivement à nos autorités de séparer le culturel du cultuel afin de permettre à tous nos concitoyens d’ici et d’ailleurs de célébrer leur culture. Dans le cas échéant cette fête dite nationale ne saurait être inclusive. Par ailleurs je leur suggérerai de choisir un jour autre que le 10 janvier pour la célébration de la culture béninoise car le 10 janvier porte déjà l’étiquette vodoun.

Pour ma part, l’opposition qu’il y a entre christianisme et vaudouisme est due au fait que l’adoration d’un Dieu unique qu’on observe chez les chrétiens, est incompatible avec le vaudouisme qui est de l’idolâtrie. Mais cette tension fut exacerbée par le souvenir des événements tragiques historiques, notamment la colonisation qui s’est servie de l’Évangile comme moyen pour aboutir à son objectif qu’est la traite des noirs. Cet antécédent constitue, à raison, le motif de réticence de ceux qui continuent dans cette pratique, face à l’Évangile de salut que nous prêchons aujourd’hui. Mais en réalité cela ne devrait pas en être ainsi. Car lorsque nous examinons de près leur pratique, nous nous rendons compte qu’ils reconnaissent tous autant qu’ils sont, l’existence du Dieu unique qui est au-dessus de tous.

Ce Dieu suprême et invisible qu’ils reconnaissent tous, a fait sortir tous les êtres humains d’un seul sang pour peupler la terre. Et bien qu’il ne soit pas loin de chacun et de tous, Dieu a permis aux hommes de le chercher par diverses manières en tâtonnant. Et un jour ce Dieu s’est révélé aux Hébreux, un peuple qu’il a choisir parmi toutes les nations afin que par son fils Jésus-Christ qu’il a ressuscité d’entre les morts, l’humanité entière puisse le connaître et le servir en toute liberté. Ce que le christianisme veut, c’est que toutes les nations de la  terre parviennent à cette connaissance salutaire et décide de servir l’unique Dieu qui a déployé sa puissance en ressuscitant Jésus d’entre les morts.  Malheureusement le christianisme est mal compris et toutes ses actions envers cette communauté sont mal interprétées et font l’objet de toutes sortes de polémiques. Mon vœu le plus cher est que le Bénin entier parvienne à la connaissance de la vérité qui nous sauvera tous et que ce passé douloureux tant pour les vodouisant que pour les chrétiens soit oublié. Que Dieu veuille agréer cette intention au nom de Jésus !

Cosme Dognon, Bishop

« Prendre un jour spécial pour fêter sa culture n’est pas mauvaise »

A mon humble avis, prendre un jour spécial pour fêter sa culture n’est pas mauvais. Cela marque le rappel de nos coutumes ancestrales et traditionnelles. Néanmoins ils doivent prendre soin de nos cultures et éviter de faire des pratiques malsaines qui les salissent tout en évitant de faire du mal l’un à l’autre et de prendre le bon coté de la culture de nos coutumes. Le christianisme peint en noir le vaudou à cause de leurs pratiques malsaines et des envoûtements des gens et autres. Il n’y a pas de pont entre le vaudou et le christianisme. Chacun vaque à ses occupations et à une culture différente chacun. Le christianisme ne tolère pas la cohabitation avec le vodoun parce que selon les chrétiens, ce sont des pratiques démoniaques et sataniques. La plupart d’eux ont des pouvoirs obscurs qui se reflètent sur plusieurs personnes de tous genres et cela fait peur. Voilà pourquoi le vaudou est toujours perçu comme quelque chose de flou et intense. D’autres érigent la sorcellerie pour détruire beaucoup de choses et cela montre une influence négative à tous les niveaux. Voilà pourquoi le vaudou est toujours considéré comme quelque de mauvais.

Imam Moutawakilou Boukari Malik, Président de l’Union des Imams et Guides spirituels du département de l’Atlantique 

« Aucune religion n’a interdit la tolérance entre les habitants d’une nation »

« Moi-même je me demande ce que vous en dites d’une telle fête. D’abord, c’est en anglais. Ou bien, si c’est vous qui l’avez transformé en anglais, je ne sais pas. La première question que je me pose, c’est de savoir si le vaudou dont nous parlons aujourd’hui est une religion. Est-ce une tradition de nos ancêtres ou une simple fête de l’année ? Si on comprend ça, on peut se titiller et porter notre regard là-dessus. Parce qu’ici, chez moi, c’est mélanger du sable dans le gari. Si c’est la fête traditionnelle, alors on doit montrer les valeurs de nos traditions. C’est ce qu’on a de meilleur pour que les gens viennent copier, pour qu’on en profite, pour que l’économie monte. Et si c’est une fête, alors on peut célébrer cela dans tout le Bénin. Et chaque communauté du Bénin peut amener sa culture à cette fête nationale.

Mais si c’était une religion, alors, je ne me retrouve plus. Si c’est une religion, ils adorent quoi ? Ils font le sacrifice à qui ?  Voilà la question qu’on se pose. Donc, si c’est notre tradition, ou une fête traditionnelle, que cherchent les musiques modernes dedans, jusqu’à ce qu’on invite les gens de l’international.  Ça n’a pas de sens chez moi. Alors, si c’est une religion, cela veut qu’on adore quelque chose. Veut-on adorer Dieu, le créateur des cieux et de la terre ou d’autres choses ? 

Quand on nous demande s’il y a un pont entre le vaudou et l’islam, je répondrai non. L’islam, c’est une religion, mais le vaudou, je n’ai pas encore compris.  Je sais que l’islam demande et ordonne d’adorer Dieu seul, sans associer d’autres dieux. Et les adeptes vaudou, je ne sais pas ce qu’ils adorent. S’ils adorent quelque chose comme religion, d’où vient la musique moderne ?

L’islam, c’est une religion. Le vaudou, je ne sais pas si c’est une religion. Donc, si c’est une religion, il n’y a pas de cohabitation entre l’islam et le vaudou, parce que c’est deux choses différentes. Dans l’islam, Dieu nous recommande de n’adorer que lui seul, sans associer d’autres choses. Le vaudou, c’est le contraire. Il y aura la cohabitation entre les peuples et la tolérance entre les peuples, mais pas entre deux religions différentes. On ne peut pas mélanger du sable dans le gari.  Aucune religion n’a interdit la tolérance entre les habitants d’une nation. C’est normal. La religion et nos traditions demandent surtout la cohabitation, l’amour entre nous. Mais, s’il s’agit de religion, chacun a sa façon d’adorer son Dieu. Il n’y a pas un pont entre le vaudou et l’islam ». 

Père Patrice Biaou Adjéran, Vicaire à l’église catholique Ste Thérèse de Godomey

 « Je les accepte avec les pratiques du moment comme ils nous acceptent avec nos pratiques »

Le Bénin fête les Vodun Days. Quel regard portez-vous sur une telle célébration ?

 Moi je n’ai aucun regard. L’Église se veut respectueuse des autres confessions religieuses. Donc, ce sont des pratiques religieuses que l’église respecte. C’est un dialogue fraternel qui existe entre elles. La célébration, cela ne me dit rien du tout. Donc je n’ai pas un regard de critique, je n’ai pas un regard critique non plus. Je suis indifférent. C’est leurs pratiques que je respecte et ça s’arrête là. Pas plus. Au nom de la civilité entre les religions, j’irai saluer les dignitaires religieux. Pas plus. Comme je le dis, c’est juste une civilité fraternelle. Ce n’est pas un débat théologique, ce n’est pas un débat qui consiste à voir ce qu’on peut faire ensemble, du point de vue du discours. Je les accepte avec les pratiques du moment comme ils nous acceptent avec nos pratiques, c’est tout.

Comme je le dis, dans les documents conciliaires au Vatican II, où l’Église a établi des règles importantes pour son organisation, il y a un document conciliaire qui parle de la position de l’Église vis-à-vis des autres confessions religieuses, et cette position est claire.  L’Église respecte les autres confessions religieuses. Moi personnellement, je ne suis pas dans un discours qui dit que l’église tend à peindre en noir le Vodoun. Comme je le dis, ce sont des frères et des sœurs qui croient en d’autres réalités autres que les miennes. Personnellement, je ne suis pas de ce bord-là, et ce n’est pas le discours de l’Église. Maintenant, si certaines personnes, au nom de leur conviction personnelle, disent des choses, ça n’engage pas l’Église, ça n’engage qu’eux.

Y a-t-il un pont entre le vodou et le christianisme ?

Moi je ne vois pas de pont. Puisque nous croyons en un Dieu Père, Fils et Esprit Saint. Dieu a envoyé son fils Jésus pour sauver l’humanité. Les adeptes n’en croient pas pareil. Non, il n’y a pas de pont. Il n’y a vraiment pas de pont. En fait, la seule réalité, c’est que nous sommes tous des hommes. Maintenant un pont, je n’en vois pas. Le discours n’est pas théologique, le discours est fraternel. Nous sommes tous des hommes.

Est-ce que le christianisme tolère la cohabitation avec le vaudou ?

Non, il n’y a pas de cohabitation possible du moment où le fait de tomber dans le syncrétisme est un péché. Ce sont des pratiques qui sont contraires à notre foi. Ce sont des pratiques qui ne poussent pas nos valeurs religieuses. Donc, il n’y a pas de cohabitation, sinon on tomberait dans un syncrétisme qui est un péché. On ne peut pas être vodouiste et puis être chrétien catholique. Non, même si certains le font, ils sont dans un syncrétisme qui est un péché. Donc il n’y a pas de cohabitation. Soit on est vodouiste, soit on est chrétien. Le discours que l’Eglise tient, c’est un discours de radicalité dans sa foi. Soit, tu es vodouiste à 100%, soit tu es chrétien à 100%, mais il n’y a pas 50% vodouiste et 50% chrétien. Il n’y a pas de chrétien café au lait. Nous ne sommes pas chrétien café au lait. Soit, tu es chrétien à 100% ou tu ne l’es pas. C’est qu’ils se trompent parce qu’ils sont dans l’erreur.

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