Face à la recrudescence des attaques terroristes au nord du Bénin, l’expert en sécurité internationale Dr Juste Codjo plaide pour une meilleure protection des informations sensibles par l’application rigoureuse de l’OPSEC.
Le nord du Bénin est à nouveau meurtri par de violentes attaques terroristes, coûtant la vie à plusieurs soldats des forces de défense et de sécurité. Le pays, comme d’autres en Afrique de l’Ouest, fait face à une montée inquiétante de la menace djihadiste, exacerbant les défis sécuritaires dans la région.
Dans ce contexte, Dr Juste Codjo, politologue, ancien officier supérieur des forces armées béninoises et professeur de Sécurité internationale aux États-Unis, propose une solution pragmatique : l’application de la méthode OPSEC (Operational Security) pour protéger efficacement les forces sur le terrain.
L’OPSEC, un rempart contre l’espionnage des opérations militaires
L’OPSEC, ou sécurité opérationnelle, est un processus de gestion des risques visant à empêcher la divulgation d’informations sensibles pouvant compromettre des opérations militaires. Dr Juste Codjo souligne que le respect strict des mesures OPSEC est indispensable dans la lutte contre les groupes terroristes.
Il pointe du doigt l’usage non sécurisé des téléphones portables personnels par les militaires et les autorités politiques comme l’une des principales failles exploitées par les groupes armés. Ce comportement, selon lui, expose dangereusement les opérations et facilite la collecte de renseignements par les ennemis.
« Du simple soldat aux plus hauts décideurs, la pratique de l’usage personnel des téléphones portables pour discuter des affaires sensibles est généralisée et peu réglementée », déplore-t-il.
Téléphones portables : des portes ouvertes aux logiciels espions
Pour étayer son propos, Dr Codjo s’appuie sur un cas documenté par le New York Times : même au sommet du pouvoir américain, l’usage inapproprié de téléphones personnels a exposé des opérations militaires cruciales.
Il rappelle que des logiciels espions comme Pegasus peuvent aujourd’hui infiltrer les téléphones portables sans action de l’utilisateur, compromettant ainsi même les communications sur des applications sécurisées comme Signal.
Selon les experts, « les numéros de téléphone sont comme l’adresse d’une maison », permettant aux pirates informatiques de localiser et d’exploiter les appareils vulnérables, transformant ainsi les téléphones en véritables outils d’espionnage.
Dr Juste Codjo appelle à des mesures strictes pour protéger les forces armées
Dans sa tribune, Dr Codjo appelle les autorités béninoises à renforcer les règles d’usage des téléphones portables au sein des forces de défense et à adopter une discipline stricte en matière de communication opérationnelle.
Selon lui, le renforcement de la sécurité des informations est une arme essentielle pour contrer l’expansion du terrorisme au Bénin et dans toute la région ouest-africaine.
Il adresse enfin un message de solidarité et de courage aux forces de défense et de sécurité, ainsi qu’une pensée émue aux familles des soldats tombés au combat.