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Analyse et évaluation des politiques publiques au Bénin : le BUDEVAL fait un zoom sur les avancées, les défis et les enjeux

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Un constat. Le Bénin est champion en institutionnalisation, mais à la traîne en matière de pratique évaluative des politiques publiques. Ainsi se présente l’état de l’analyse et de l’évaluation des politiques publiques dans le pays. Un diagnostic posé, grâce au Bureau de l’évaluateur (BUDEVAL), le jeudi 10 juillet, dans la salle des actes de l’école doctorale de la Faculté de droit et sciences politiques (FADESP) de l’université d’Abomey-Calavi.

Vadim QUIRIN

Du concret en matière de pratique évaluative des politiques publiques. C’est ce qu’il faut après l’avalanche d’institutionnalisation entreprise dans le pays. Telle est la quintessence des échanges initiés par le Bureau de l’évaluateur (BUDEVAL), le jeudi 10 juillet, à l’université d’Abomey-Calavi, en marge de la cérémonie de sortie de la 5ème promotion des auditeurs en analyse et en évaluation des politiques publiques du Centre d’études sociologiques et de sciences politiques (CESPo). En effet, depuis 2007, ont reconnu les participants au panel ayant pour thème « Les défis de l’évaluation des politiques publiques au Bénin », il y a un cadre référentiel qui est assez fourni et qui sert de boussole pour tout ce qui est évaluation de politique publique. A en croire docteur Koami Gouton, l’un des panélistes, « Des efforts ont été fournis en termes de mise en place des institutions. Il y a eu des directions et des ministères qui se sont occupés de l’évaluation au Bénin. Des structures ont donc toujours existé sous différentes formes dans le but d’institutionnaliser l’évaluation. Autrement, Un cadre institutionnel a été clairement défini avec un certain nombre d’acteurs qui sont parties prenantes de l’évaluation. Le Bénin s’est égalementt doté d’une politique nationale qui définit des orientations pour que l’évaluation soit effective. Dans la même dynamique, et depuis plus de 10 ans, un conseil national de l’évaluation a été mis en place avec des membres nommés et installés. Nous avons aussi un guide méthodologique qui indique comment faire l’évaluation des politiques publiques dans le pays. Tous ces éléments montrent la volonté du pays d’institutionnaliser les politiques publiques et d’en faire un pilier essentiel de la gouvernance ». Une idée qu’épouse Anique Djimadja, l’autre panéliste, qui fait un double rappel et se réjouit « Si nous faisons une rétrospective du chemin parcouru depuis 2006, c’est à l’avènement du régime du Dr Thomas Boni Yayi, que cette question de l’évaluation des politiques publiques s’est fait annoncer de façon sérieuse. Parce qu’il y avait un contexte délicat marqué par la restructuration de l’économie nationale, de l’assainissement des finances publiques. L’évaluation a donc été une réponse à la rationalisation de l’action publique en lien avec les besoins réels de la population. En 2010, il y a eu la première édition des journées béninoises de l’évaluation organisée par le Bureau de l’évaluation de l’action publique qui est devenu le Bureau de l’évaluation des politiques publiques sous le ministère de la Coordination de l’évaluation des politiques publiques», a-t-elle déclaré.

Les défis à relever

En dépit de tout, des défis restent à relever. Selon docteur Koami Gouton,  « Nous sommes encore loin des objectifs poursuivis ; à savoir essentiellement, développer une culture de l’évaluation des politiques publiques dans notre pays », a-t-il fait savoir. Pour l’instant, le pays est encore dans une dynamique qui fait que c’est lorsqu’il faut planifier qu’on pense à l’évaluation de l’action passée. Une attitude qui est révélatrice de l’amélioration à apporter à la compréhension du vocable « politique publique » au niveau de l’administration. « Est-ce que les politiques publiques sont uniquement ce qui est consigné dans les documents comme politiques publiques, stratégies, programmes et autres ? Ou bien, elles vont aussi au-delà du plan sectoriel global pour s’intéresser à ce qui se fait à des niveaux plus infra, plus micro ? », interroge-t-il. C’est exact, reconnaît le professeur Hygin Kakaï, directeur du Centre d’études sociologiques et de science politique (CESPo) puis coordonnateur du Certificat en analyse et en évaluation des politiques publiques, « Malgré les efforts des Etats et des institutions, force est de constater que la culture de l’évaluation reste insuffisamment ancrée dans les pratiques administratives et dans les pratiques politiques. Très souvent, les politiques publiques sont conduites sans diagnostic rigoureux, sans suivi systématique ni évaluation de leur impact réel. Ce qui entraîne des pertes en ressources, un affaiblissement de la légitimité de l’action publique et surtout une rupture de confiance entre les institutions et les citoyens », a-t-il fait savoir. Toutes choses qui accentuent les trois autres défis listés par Monique Gbaguidi, la dernière panéliste. En premier, « nous avons la question du financement. Nous avons aussi le problème du coût réel des évaluations : les ressources planifiées sont parfois insuffisantes. En outre, nous constatons que le financement des évaluations est toujours tributaire des partenaires techniques et financiers. Ceci, parce que les décideurs, notamment au niveau local, ne perçoivent pas toujours la pertinence des études à réaliser.

Les enjeux liés à la pratique évaluative

 Une exhortation qui fait un clin d’œil aux enjeux de la culture de la pratique évaluative au Bénin. Il faut avant tout maintenir le cap des acquis. En la matière, docteur Pascal Zantou, président du BUDEVAL, montre comment son association joue sa partition. « Dans un Bénin où nous avons besoin de données probantes pour éclairer les décisions des dirigeants, le Bureau de l’évaluateur cherche à accompagner le gouvernement et les autres institutions dans la perspective de l’amélioration de la gouvernance à travers le renforcement de la pratique évaluative et travaille à la professionnalisation des pratiques évaluatives au Bénin et en Afrique », confie-t-il. Les idées développées lors du panel, par les membres même de l’association et non par des experts externes au bureau, en sont une illustration, affirme le président du BUDEVAL. Somme toute, on ne va pas perdre de vue que « L’analyse et l’évaluation des politiques publiques sont des démarches éminemment sensibles (…) où les Etats, souvent confrontés à des contraintes externes, à des logiques d’aide, à des tutelles plus ou moins explicites, doivent malgré tout affirmer leur souveraineté à travers la qualité de leur action publique », relève le professeur Patrick Houessou, vice-recteur en charge des affaires académiques de l’université d’Abomey-Calavi. Dans ces contextes, oriente-t-il, « évaluer une politique publique, ne se résume pas à mesurer des indicateurs techniques, cela exige une capacité à interroger les rapports de forces, à lire entre les lignes, les décisions parfois imposées, à distinguer ce qui relève de l’intérêt national de ce qui procède des logiques exogènes ». Autrement, clarifie le professeur Léon Djossè, doyen de la FADESP, « les professionnels en analyse et en évaluation des politiques publiques doivent avoir un œil critique ; répondre à la question si les projets sont avantageux ou non pour les communautés ». En tout cas, mentionne-t-il, « si les politiques publiques sont bien pensées, en retour, la communauté bénéficiaire va s’y reconnaître ». De son côté, la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’aligne sur cette dynamique. Par la voix de Linda Daraté, conseillère politique junior, représentant l’ambassadeur Amadou Diongué, représentant résident de la CEDEAO, elle salue la qualité des échanges et indique qu’ils illustrent « l’importance d’un dialogue interinstitutionnel constant entre universitaires, décideurs publics et praticiens pour identifier les leviers de transformation nécessaires à la performance des politiques publiques ».

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