La période des vacances est souvent redoutée par la plupart des parents pour plusieurs raisons. Parmi celles-ci figure l’augmentation drastique du budget alloué à la nourriture, en raison de la présence des enfants à la maison. Il y a également le casse-tête que représente l’élaboration du menu quotidien, d’autant plus qu’il faut non seulement réfléchir à ce qu’on va manger, mais aussi le préparer tout en veillant à l’équilibre alimentaire pour le bien-être des vacanciers. Pendant ce temps, les enfants, quant à eux, ont des envies de manger à tout bout de champ, ce qui complique davantage les choses. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces envies fréquentes de manger pendant les vacances.
Tout d’abord, les vacances viennent bouleverser la routine adoptée tout au long de l’année scolaire. Il n’y a plus le stress des cours et des évaluations. On peut se permettre de faire la grasse matinée et ne pas être obligé de se lever tôt pour éviter d’être en retard. Les vacances sont aussi l’occasion de sortir, de voyager, de découvrir d’autres lieux, d’autres saveurs. Cela peut stimuler les envies de manger.
Ensuite, puisqu’on n’est plus stressé par les études, tout le corps se met en mode repos. La qualité du sommeil change, de même que les horaires. Certains enfants se couchent très tard et se lèvent aussi très tard. Cette perturbation du rythme de sommeil peut dérégler la production des hormones qui contrôlent l’appétit, et ainsi augmenter les envies de manger.
Parfois, c’est plutôt une confusion dans les besoins de l’organisme qui crée ces envies. En période de chaleur ou en cas de consommation d’alcool (chez les plus âgés), le corps a besoin d’hydratation. Mais il arrive que l’on interprète mal la sensation de soif et qu’on la confonde avec la faim.
Nous savons que les vacances sont synonymes de ravitaillement, avec des provisions alimentaires souvent abondantes dans les maisons. Surtout dans notre contexte africain, où les mamans préparent souvent en prévision d’un effectif supérieur à celui réellement présent, se disant que leurs enfants peuvent recevoir de la visite. Le simple fait de savoir qu’il y a de la nourriture en quantité et en qualité suffisantes — et surtout d’y être constamment exposé — peut déclencher des envies de manger. Un enfant qui aime les galettes d’arachides et qui a en permanence un sac de galettes sous les yeux ne pourra pas s’empêcher d’en consommer et d’en demander à chaque occasion.
Le plaisir et l’euphorie liés à la liberté des vacances peuvent également susciter des envies de manger chez les vacanciers. Surtout lorsqu’ils ont été admis en classe supérieure ou ont atteint les objectifs scolaires fixés par eux-mêmes ou par leurs parents, ils peuvent percevoir le fait de manger quelque chose de spécial comme une récompense, même s’il s’agit d’un aliment normalement interdit.
L’ennui peut aussi être à l’origine de ces envies. « Je ne fais rien, pourquoi ne pas manger ceci ou cela pour tuer le temps ? » Bien que les vacances offrent souvent des occasions d’occupation, il arrive, par exemple lors d’une journée pluvieuse, que l’on ne puisse rien faire. Ces moments d’ennui sont souvent des instants où le cerveau réclame de l’occupation… par la nourriture.
Mais doit-on succomber à toutes ces envies de manger ? N’y a-t-il pas de solutions pour les contrôler, et permettre ainsi aux parents de souffler un peu financièrement ? Cela éviterait que les vacances deviennent une source d’angoisse !
Il est important que les enfants restent bien hydratés afin d’éviter de confondre faim et soif. Quand l’envie de manger survient, il faut se demander s’il ne s’agit pas d’une simple soif, et commencer par boire de l’eau, surtout lorsqu’il fait chaud. Si la sensation persiste, ils pourront alors se tourner vers la nourriture. On ne cessera jamais de le rappeler : il faut manger équilibré et ne pas sauter les repas.
Pendant les fêtes ou les occasions de repas copieux, il est bon de prendre l’habitude de faire des choix judicieux. Il ne sert à rien de manger sans réfléchir ou avec excès, pour ensuite devoir gérer les conséquences. Mieux vaut prévenir que guérir. Une fois rassasié, il faut s’arrêter. Toutefois, il ne faut pas fustiger les petits plaisirs.
Faire de l’exercice physique et éviter une vie trop sédentaire, comme rester assis devant la télé toute la journée, permet également de limiter les envies de manger. On peut organiser des activités de détente, des jeux, des promenades pour occuper le temps et éviter de grignoter à tout moment.
Enfin, il est essentiel de bien gérer le stress et le sommeil afin que l’organisme fonctionne normalement et ne pousse pas à manger excessivement. Cela implique de garder de bonnes habitudes de sommeil et d’apprendre à se détendre ou à éliminer le stress autrement que par la nourriture. Après tout, les vacances sont faites pour se reposer et se ressourcer. En apprenant à écouter leur corps afin d’identifier les déclencheurs d’envies alimentaires, les vacanciers peuvent manger plus sainement, pour le plus grand bonheur des parents.
Par Rachel WUEMENOU, nutritionniste
