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Alhadji Abdoul Raimi Anifowoché au sujet de la Cop 29 :  « Les engagements pris par les grands pollueurs ne sont toujours pas respectés »

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Il s’appelle Alhadji Abdoul Raimi Anifowoché, de nationalité béninoise et Directeur exécutif du Centre ITIKAF de la Mosquée Anifowoché à Porto-Novo au Bénin. Coordonnateur de African Faith Actors on Climate Justice, bureau du Bénin (AFAN CJ) et ancien membre du Réseau des associations et ONGs islamiques du Bénin (RAI), il a pris  part à la 29ème Conférence des pays sur le climat (COP 29) qui s’est déroulée du 11 au 23 novembre 2024 à Bakou en Azerbaïdjan. Dans un entretien ,  Alhadji Abdoul Raimi Anifowoché  livre ses impressions après cette énième conférence.

Qu’est-ce qu’on peut retenir de votre participation à cette rencontre ?

Effectivement, j’ai été à Bakou où j’ai activement pris part aux travaux de la COP 29 au nom du Réseau des acteurs religieux africains pour la justice climatique en collaboration avec l’Alliance panafricaine pour la justice climatique. Pour répondre à votre question, je voudrais d’abord rappeler que la COP 29 est celle du financement. Malheureusement, force est de constater que les engagements pris par les grands pollueurs que sont les pays du Nord ne sont toujours pas respectés depuis les accords de la COP15.  De façon concrète, je voudrais dire que l’Afrique a besoin de ressources financières pour soutenir ses initiatives d’adaptation. J’ai indiqué que les pays développés ont la capacité de soutenir les actions climatiques mais qu’ils manquent de volonté politique. J’ai fait référence à la façon dont ils ont soutenu les efforts visant à faire face aux pandémies telles que le Vih/Sida, le paludisme et la Covid-19 dans lesquels les pays développés pour sauver des vies. De la même manière, le changement climatique devrait être considéré comme une question de vie ou de mort.

Qu’est-ce qui fait que le changement climatique inquiète tant ?

Le changement climatique exacerbe les inégalités existantes et, dans de nombreux cas, alimente la violence contre les femmes et les filles. Lorsque les catastrophes induites par le climat, telles que les sécheresses, les inondations et les phénomènes météorologiques extrêmes, perturbent les communautés, elles entraînent souvent des déplacements, une pénurie de ressources et une instabilité économique, des conditions qui affectent de manière disproportionnée les femmes et les filles. Ces défis intensifient les vulnérabilités liées au genre et amplifient les structures patriarcales existantes qui perpétuent la discrimination et la violence. Par exemple, lors de déplacements causés par des événements liés au climat, les femmes et les filles sont plus susceptibles d’être confrontées à des violences basées sur le genre (VBG), notamment à l’exploitation sexuelle, à la traite et à la violence domestique. Les camps de personnes déplacées ou les abris temporaires manquent souvent de sécurité, d’intimité ou d’installations sûres telles que des toilettes séparées, ce qui expose les femmes et les filles à des risques accrus d’agression. L’effondrement des systèmes sociaux pendant les crises les rend plus vulnérables, dans la mesure où les structures de soutien traditionnelles peuvent ne plus être en place.

On parle de changement climatique. Qu’est-ce que cela a à voir avec les femmes et les filles ?

De plus, à mesure que les ressources telles que l’eau, la nourriture et les sources d’énergie alternatives se raréfient en raison du changement climatique, les femmes, qui sont souvent responsables de la collecte des ressources dans de nombreuses communautés, sont obligées de parcourir de plus longues distances pour garantir ces nécessités. Cela augmente leur exposition au harcèlement, à la violence et à l’exploitation. Dans certains cas, la concurrence pour les ressources au sein des familles ou des communautés peut conduire à la violence domestique alors que les hommes sont aux prises avec le stress économique et s’en prennent aux femmes et aux filles. Les taux de mariage d’enfants ont également tendance à augmenter dans les régions touchées par le changement climatique, les familles ayant recours au mariage précoce pour faire face aux difficultés économiques. Le revenu ou la dot reçus peuvent alléger le fardeau financier à court terme, mais ils exposent les filles à des préjudices physiques et émotionnels à long terme, limitant leur éducation et leurs perspectives économiques. Il faut donc savoir que le changement climatique n’est pas seulement une question environnementale,  mais un profond défi en matière de genre et de justice sociale. Pour remédier à ses impacts, il faut des solutions intersectionnelles qui centrent les femmes et les filles dans les stratégies d’adaptation, fournissent un soutien humanitaire sensible au genre et travaillent activement au démantèlement des inégalités systémiques. 

Est-ce que ce sommet était une réussite ?

Pour l’Alliance panafricaine pour la justice climatique (PACJA), Bakou reste l’un des pires accords de l’histoire des COP. Personnellement, je pense qu’il y a encore beaucoup d’efforts à faire si nous ne voulons tomber dans l’irréversible. 

Quelles sont les perspectives dans cette lutte que vous menez ?

Les leaders religieux africains, sous l’égide de l’AFAN CJ poursuivront leurs actions de plaidoyers auprès des différents gouvernements africains afin qu’ils jouent pleinement leur partition en prenant leurs responsabilités et tenir leurs promesses au niveau local, national et international. Dans cette perspective, AFAN CJ BENIN dont la lourde responsabilité travaille déjà pour que le Bénin se fasse également entendre dans ce grand réseau africain subdivisé tant à l’Ouest, à l’Est, au Centre, au Nord qu’au Sud sous la supervision de la Conférence des Eglises de toute l’Afrique (CETA) et le Panafrican Climate Justice Alliance (PACJA), des organisations basées à Nairobi au Kenya

Propos recueillis par Karim Oscar ANONRIN

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