Agathe Philomène Lanha réside à Godomey Petit Port. Soucieuse d’un avenir radieux pour ses quatre enfants, elle s’investit dans la vente ambulante du pain au quartier pour pouvoir aller au bout de cet accomplissement qu’elle assure depuis plus de huit ans.
Une quadragénaire très dynamique, claire et bien potelée. Ce sont les traits caractéristiques qui définissent l’apparence physique de Agathe Philomène Lanha. Mère de quatre enfants, elle doit se lever à l’heure du laitier pour faire le tour du quartier avec le panier chargé de pains afin de pouvoir revenir avec plein d’espoir au profit de ses enfants grâce au peu de bénéfice qu’elle peut se faire. « Je prends une quarantaine de baguettes de pain mais difficilement, j’arrive à tout vendre. Je ramène le reste à la maison pour les enfants au cas où cela reste. Il n’y a plus de vente. Avant, je pouvais facilement vendre plus d’une centaine de pains avant midi. Dans la vente de pain, il faut vendre une bonne quantité pour espérer un bénéfice satisfaisant », a-t-elle confié. Elle a aussi ajouté que malgré la mévente, elle pouvait rentrer avec un minimum de bénéfice allant de 1000 à 2000 F CFA voire plus.
Il faut apprêter l’accompagnement depuis la veille
De retour, à peine elle se repose avant de prendre le chemin du marché. Il faut qu’elle apprête les accompagnements depuis la veille. Il s’agit de la friture, du sandwich, du jus avec choux, carotte et bien d’autres ingrédients. C’est une tâche qui occupe Agathe tout l’après-midi jusqu’à la tombée de la nuit. Puisque qu’après ce qui est pour la vente du pain, elle enchaîne avec le repas du soir surtout pour les enfants. « Après toutes ces tracasseries, je me sens fatiguée. Et pour me réveiller tôt les matins, j’active l’alarme de mon téléphone et déjà à partir de 4 h du matin, elle commence à sonner. Lorsque celui qui me fournit du pain arrive, il me fait signe sur mon téléphone et je vais retirer ma commande », clarifie-t-elle.
Agathe, la plus attentionnée
Malgré ces charges, Agathe reste la plus attentionnée, celle qui taquine, côtoie les enfants et fait rire. « Elle a toujours un surnom pour chaque personne à qui elle témoigne son affection. Elle taquine avec ses blagues, elle adore les enfants et elle considère tout le monde comme son ami », témoigne un colocataire de la même cour commune que Agathe. Mais pour celle-ci, c’est une façon de garder le moral haut. « Ce n’est pas en te montrant malheureux que tes problèmes trouveront de solutions, encore moins en faisant grise mine. Mieux vaut sourire à tout le monde. Cela permet d’avoir le moral haut et tu paraîtras moins désagréable pour les autres. En plus de cela, ce que je vends, m’impose d’être accueillante », a fait savoir Agathe.
Toujours en quête d’autres cordes à son arc
Puisque la vente de pain seul ne peut pas couvrir les charges qui s’imposent à Agathe, elle essaye de trouver des secondes cordes à son arc. « Je fais d’autres jobs que je trouve comme la lessive, le ménage et toute autre activité qui me permet d’avoir des sources de revenus », a-t-elle fait remarquer. Une dame à qui elle fait des prestations estime qu’elle est une brave dame. « Elle est papa et maman pour ses enfants. Elle en est consciente et elle se bat en conséquence. Tu la sollicites pour n’importe quel service, elle se rend disponible et elle le fait correctement. Elle est à féliciter », a-t-elle signalé. Si Agathe est seule à être au four et au moulin, c’est parce que, pour des raisons de santé, son époux n’est point actif et apte pour l’accompagner dans les charges des enfants. « Avant mon époux apportait sa pierre à l’édifice. Mais depuis plus de 8 ans, à cause de sa santé, je me retrouve seule à supporter mes enfants, surtout en ce qui concerne le manger, les charges scolaires et, à des moments donnés, la santé pour ne citer que ceux-là. C’est vraiment difficile pour moi. Je ne bénéficie d’aucune aide de l’extérieur. Les aînés qui vont à l’école ont 13 ans. Ce sont des jumeaux. L’un est en classe de 4ème et l’autre en classe de 5ème. Leur petite sœur a 5 ans et fait le CI », a-t-elle expliqué. Une raison pour laquelle elle ne tolère pas que ses enfants se complaisent à paresser. « Quand tu ne travailles pas à l’école, maman se fâche et nous tape fort », a confié un des enfants. Malgré ses charges, Agathe aime garder son charme. Même si elle a l’habitude d’être décente dans son style vestimentaire, Agathe ne porte pas le même pagne pour deux jours successifs. Elle a toujours ses ongles arrangés et régulièrement bien vernis. « Ce n’est pas parce que je me bats seule pour mes enfants que je vais m’abandonner comme un clown, pas du tout », a-t-elle indiqué. Lorsque quelqu’un veut en profiter, Agathe sait remettre les gens à leur place. « Parce que je vends et on sait que mon époux n’est plus apte, c’est pour cela qu’ils ont souvent l’intention de me manquer de respect. Mais gentiment, je refuse. Mais si la personne continue à insister, je la remets à sa place et c’est là qu’on me trouve désagréable et arrogante. Je ne me vends pas moi-même. C’est plutôt du pain que je vends », a fait comprendre la quadragénaire. Au-delà de tout, ce qui importe vraiment pour Agathe, c’est de voir un avenir radieux s’ouvrir à ses enfants. Alors, a-t-elle laissé entendre, ses efforts ne seront point vains.
