Après plus de 14 ans de détention provisoire, le procès de Donatien Amoussou et Codjo Kossi Alofa, accusés respectivement de complicité d’assassinat et d’assassinat dans l’affaire de la disparition de Pierre Urbain Dangnivo, a repris ce mardi devant le tribunal de première instance de Cotonou. Cette audience, qui s’étend du 11 au 14 mars, marque un tournant dans une affaire qui a longtemps défrayé la chronique au Bénin.
Des révélations inédites de Donatien Amoussou
Face au procureur, Donatien Amoussou, ancien militaire, a livré des détails saisissants sur les circonstances de son implication présumée. Il affirme avoir été sollicité par le colonel Koumassègbô pour une mission qu’il présentait comme un devoir d’État, sous les ordres du chef de l’État.
Lors d’une rencontre au domicile du colonel, ce dernier lui aurait offert un verre d’alcool contenant un serpent, un breuvage qu’Amoussou assure avoir discrètement renversé en l’absence de son hôte. Par la suite, il aurait reçu un téléphone portable et une somme de 500 000 francs CFA à remettre à un individu se trouvant à la radio Océan FM.
Le lendemain, il aurait refusé d’exécuter cette mission et informé le colonel de sa décision. Peu après, il aurait subi des pressions et des menaces. « On m’a dit que le président n’était pas content de moi et que je voulais gâter l’affaire », a-t-il confié. Il affirme également avoir été roué de coups et écarté des affaires après son refus d’obéir.
Un procès sous haute tension
Durant l’audience, Amoussou a nié toute connaissance de Pierre Urbain Dangnivo, déclarant : « Je ne le connais ni d’Adam ni d’Ève ». Il a également rejeté tout lien avec Codjo Kossi Alofa, bien qu’il ait entendu parler de lui dans la presse pour une affaire de vol de moto. Il affirme avoir ignoré que le téléphone et la voiture au cœur de l’affaire étaient liés à Dangnivo, précisant que c’est son ami Priso qui aurait finalement remis le téléphone à son destinataire.
Par ailleurs, Amoussou évoque une tentative de corruption : un jour, Théophile N’dah, après son arrestation, lui aurait remis 500 000 francs CFA en lui assurant que « tout cela allait passer ». Il affirme aussi que des espions auraient été placés dans la prison pour le surveiller.
Codjo Kossi Alofa à la barre
De son côté, Codjo Kossi Alofa a également comparu. Il a affirmé qu’on lui avait promis une somme de 25 millions de francs CFA mais qu’il n’avait perçu que 50 000 francs CFA. Interrogé sur d’éventuels liens avec Robert Gbian, il a répondu par la négative.
Un procès longtemps retardé
L’affaire Pierre Urbain Dangnivo remonte à août 2010, date à laquelle ce cadre du ministère de l’Économie et des Finances a mystérieusement disparu. En janvier 2020, la Cour constitutionnelle béninoise avait jugé que la détention provisoire des accusés était excessive et contraire à la Constitution, ce qui avait contribué à relancer la procédure.
Aujourd’hui, la reprise du procès est scrutée de près par l’opinion publique, avide de connaître la vérité sur cette affaire qui a marqué le Bénin. L’audience se poursuit et pourrait réserver de nouvelles révélations.
À suivre…
