Devant la cour, Alofa Codjo, principal accusé dans l’affaire Dangnivo, a livré des déclarations surprenantes. D’entrée, il a tenu à rectifier une information sur son identité : contrairement à ce qui a été rapporté, il ne s’appelle pas Codjo Cossi Alofa, mais bien Alofa Codjo. Selon lui, c’est le commissaire Aledji qui lui aurait attribué un second prénom.
Au fil de son témoignage, Alofa a mentionné les noms des personnalités politiques Adrien Houngbédji et Bruno Amoussou, sans que leur rôle exact dans l’affaire ne soit précisé. Il a également affirmé qu’on lui aurait confié une mission en lien avec le président de la République de l’époque. D’après ses propos, il lui aurait été expliqué que lorsqu’un citoyen représente une menace pour le pouvoir en place, « on s’occupe de lui ».
Alofa a ainsi évoqué le cas de Pierre Urbain Dangnivo, ancien cadre du ministère des Finances disparu en août 2010. Selon lui, Dangnivo possédait des informations sensibles susceptibles de nuire au président. Il affirme qu’on lui aurait promis 25 millions de francs CFA et sa liberté en échange d’un « travail » sur ce dossier. Toutefois, il assure n’avoir jamais reçu cette somme.
Un autre point intrigue les juges : la découverte d’un treillis militaire à son domicile. Sur ce sujet, Alofa se défend en affirmant qu’il ignore totalement son origine.
Une arrestation d’abord liée à un vol de moto
Dans ses déclarations, Alofa revient aussi sur les circonstances de son arrestation. Selon lui, tout a commencé dans la nuit du 16 août 2010, lorsqu’il a été interpellé pour vol de moto. Il raconte que son complice avait réussi à prendre la fuite. Placé en détention à Godomey, il affirme que les policiers répondaient aux appels de son ami sur son portable. Une fois transféré en prison civile à Cotonou le 14 septembre 2010, il a pu joindre ce dernier pour lui demander de lui trouver un avocat.
Quant au corps retrouvé à Womey, qui serait celui de Dangnivo, Alofa assure ne pas savoir où le cadavre se trouvait avant qu’il n’apparaisse à son domicile.
Un procès sous tension
Ce témoignage soulève de nombreuses interrogations. Alofa a-t-il été manipulé ? Qui lui aurait fait ces promesses et dans quel but ? Quelles étaient réellement les informations que détenait Dangnivo ?
Alors que l’audience se poursuit, les juges tentent d’éclaircir les contradictions et les non-dits qui entourent cette affaire, l’une des plus marquantes de ces dernières années au Bénin.