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Adéline K. Djossou, Media Buyer sur le revers de l’e-réputation : « Le danger, c’est de croire que ce qu’ont voit en ligne est toute la réalité » 

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L’e-réputation individuelle ou personnelle, un phénomène qui consiste à faire son propre marketing individuel ou personnel sur les réseaux sociaux, prend de l’ampleur et emballe nombre d’admirateurs internet. En pleine ascension à l’ère de l’intelligence artificielle (IA), cette pratique ne manque pas de revers. C’est ce que que soulève Adéline Kpèdétin Djossou, Media Buyer au cœur de cet entretien. Identifiant les causes de cette tendance, la spécialiste de Facebook Ads invite les jeunes et autres adeptes des réseaux sociaux à la vigilance.

Je suis Media Buyer, j’aide les entrepreneurs audacieux à vendre en ligne grâce à la publicité Facebook. Mais au-delà de mon expertise technique, je suis avant tout une femme résiliente. Après un parcours universitaire en imagerie médicale, j’ai fait le choix de me réinventer dans le marketing digital. J’ai acquis une solide expérience en tant que rédactrice web SEO et consultante SEO, avant de me spécialiser dans la publicité payante sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui, je conçois des stratégies créatives et publicitaires rentables pour mes clients avec un objectif clair : permettre à mes clients de vendre leurs produits et services grâce à Facebook et Instagram. Depuis, j’ai accompagné plus de 200 personnes à travers des formations dispensées dans des structures au plan national surtout où j’interviens régulièrement sur les thématiques liées au SEO.

De votre avis de spécialiste du digital, que signifient les réseaux sociaux ?

Les réseaux sociaux sont des vitrines numériques où chacun peut s’exprimer, partager des idées, des contenus ou des moments de vie. Ils permettent de se connecter à d’autres personnes, de construire une communauté, et pour les professionnels, de développer une audience et de faire du business.

Vous êtes spécialiste de marketing digital. Les réseaux sociaux sont-ils différents de la vraie vie ?  Expliquez-nous alors la vraie vie ?

Oui, les réseaux sociaux et la vraie vie sont deux mondes très différents. Sur les réseaux sociaux, on montre souvent uniquement ce qui est beau, réussi, enviable. La vraie vie, c’est aussi les échecs, les dettes, les burn-out, les galères familiales, les abandons de projets, les remises en question profondes. La vraie vie, c’est ce qui se passe quand on ferme son téléphone. C’est imparfait, c’est humain, et c’est ce que peu de gens osent montrer.

Quel rapport y a-t-il entre les deux mondes (réseaux sociaux et la vraie vie) ?

Le lien entre les deux, c’est l’humain. Ce sont les mêmes personnes, mais avec deux facettes très différentes. Une facette publique, soignée et mise en avant. L’autre facette plus intime, souvent gardée secrète. Le danger, c’est de croire que ce qu’on voit en ligne est toute la réalité. Il faut toujours garder en tête qu’il y a une vie en coulisse, faite de doute et de lutte comme tout le monde.

Vous avez posté il y a quelques jours sur les réseaux sociaux plus précisément sur votre page Facebook une publication intitulée ‘’Les réseaux sociaux différents de la vraie vie’’ qui a suscité de nombreuses réactions. Qu’est-ce qui vous motive à faire un tel post ?

Ce post, je l’ai écrit pour rappeler une vérité simple mais souvent oubliée : tout ce qu’on voit sur les réseaux sociaux n’est qu’une sélection et parfois, ce n’est même pas vrai. Beaucoup de gens se comparent à ces images idéalisées et finissent par se sentir mal dans leur propre vie. J’ai voulu briser cette illusion et dire : “Les difficultés sont normales. Nous en avons tous”. Et ça a touché beaucoup de monde, car ce message est rarement exprimé aussi clairement.

Que reprochez-vous aux auteurs de cette pratique ?  

Je ne blâme pas individuellement les auteurs, car beaucoup le font sans mauvaise intention. Mais je critique la tendance générale à glorifier la réussite sans jamais parler du chemin difficile qu’il a fallu parcourir. Ce phénomène crée un décalage toxique entre la réalité vécue et la perception publique.

Comment se manifeste ce phénomène sur la toile ?

C’est souvent subtil. On ne ment pas forcément, mais on choisit quoi montrer. On partage un succès sans mentionner les moments d’échec qui l’ont précédé. On montre un lifestyle de rêve sans dire que tout est loué pour un shooting. On poste des photos retouchées, des moments heureux, des chiffres impressionnants, mais tout est soigneusement choisi pour impressionner, pour inspirer… ou pour vendre.

Selon vous, que gagne-t-on à exposer seulement ses bons côtés sur les réseaux sociaux ?

On gagne de l’admiration, de l’attention, de la crédibilité… et parfois des clients. C’est une forme de “personal branding” puissante. Mais c’est aussi dangereux, car on crée une pression à toujours maintenir cette image, au détriment de son authenticité et de sa santé mentale.

 Les casse-têtes subis au quotidien sont passées sous silence. Quels sont alors les risques de ce phénomène sur la vie des auteurs ?

Le risque principal, c’est l’isolement. À force de cacher ses difficultés, on finit par ne plus oser en parler, même à ses proches. Cela peut mener à un stress chronique, à l’anxiété, voire à des dépressions silencieuses. On porte un masque tous les jours et ce masque devient de plus en plus lourd.

Quelles sont les conséquences sur leurs admirateurs qui tombent dans leur piège ?

Ils peuvent perdre confiance en eux, se sentir en retard ou en échec, simplement parce qu’ils se comparent à une illusion. Ce phénomène alimente la frustration, l’envie, voire la dépression. C’est pour cela qu’il faut rétablir une dose de vérité sur les réseaux sociaux. Mais il faut aussi dire qu’en Afrique, les gens aiment cette pratique. Si des formateurs continuent de montrer de gros chiffres ou des photos prises à Dubaï pour faire du marketing, c’est parce que le public aime cela. Quand tu veux vendre une formation à un jeune pour l’aider à développer des compétences, il va te demander de lui montrer combien tu gagnes. Et c’est comme ça qu’on tombe dans le piège et qu’on montre du bling bling pour accrocher les moins avertis. 

Votre message de fin !

Ne laissez pas les réseaux sociaux définir votre valeur. Derrière chaque sourire, chaque photo parfaite, il y a une histoire que vous ne connaissez pas. Avancez à votre rythme, soyez bienveillants avec vous-mêmes… et souvenez-vous : personne ne montre ses tempêtes, mais tout le monde en traverse.

 Propos recueillis par Joël SEKOU (Coll.)

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