Moins chers, plus accessibles et rapides, les WiFi Zones séduisent une large partie des Béninois au détriment des forfaits classiques. Reportage sur cette concurrence qui rebat les cartes de l’accès à Internet.
Régis HOUNZINME (Stag)
Samedi, 20h. Dans une rue animée de Cotonou, Joseph Gnahoui s’arrête devant une table en plastique où une femme distribue des codes de connexion. À quelques mètres, un point de vente classique de forfaits Internet reste vide. Sans hésiter, Joseph tend une pièce de 100 francs CFA à la vendeuse, qui lui remet un petit papier. Dessus, un nom de réseau Wi-Fi et un mot de passe. Une fois connecté, il navigue. « Avec 100 F, je peux passer l’après-midi sur Internet. C’est moins cher qu’un forfait, et je peux même télécharger un film sans souci », confie-t-il.
Comme lui, de nombreux Béninois adoptent désormais les Wi-Fi Zones, des points d’accès installés dans les quartiers populaires, souvent près des carrefours ou dans les ruelles. Pour un tarif modique – 100 ou 200 francs CFA – l’usager accède à une connexion rapide pour une durée déterminée.
À Tokpa, Sylvie Ahoua, commerçante de pagnes, vante l’efficacité de ce système. « Avec le Wi-Fi Zone, je télécharge facilement des articles ou des images. Je n’ai pas à chercher longtemps pour me connecter ». Même les retraités s’y mettent. L’ancien fonctionnaire Bernard Agon, est catégorique sur son efficacité. « Avec un forfait, je regarde à peine des statuts WhatsApp avant que ça coupe. Le Wi-Fi Zone me permet de faire tout ce que je veux », déclare le septuagénaire.
Ce changement d’habitude n’est pas sans conséquence sur les gains des professionnels de la vente de forfaits. C’est ainsi que Françoise Tchibozo, une vendeuse de forfaits depuis plusieurs années note une chute de ses revenus. « Avant, je vendais pour 5000 F par jour. Maintenant, je ne fais même plus 3000 F. Les clients préfèrent le Wi-Fi ». Mais tout le monde ne baisse pas les bras. C’est le cas de Jordy Alognon, un autre vendeur de forfaits. « Ceux qui veulent une connexion à tout moment continuent d’acheter chez nous. Le Wi-Fi Zone a une durée limitée », fait-il savoir. Du côté des vendeurs de Wi-Fi Zone, la satisfaction est grande. Derrick Amadji révèle ses performances financières. « Chaque mois, je gagne entre 15 000 et 20 000 F grâce à cette activité. Les clients sont fidèles ». Même son de cloche chez Roland Dadjo. « Les nuits surtout, les gens viennent nombreux. Je gagne bien ma vie ». Le réparateur de portable Jordan Hounguè, lui, y trouve aussi son compte. « Chaque soir, je viens me connecter ici. C’est rapide. Je regarde mes vidéos TikTok sans problème ». En somme, la popularité croissante des Wi-Fi Zones traduit une mutation dans la consommation numérique au Bénin. Plus souples et économiques, ils répondent à un besoin d’accessibilité, surtout chez les jeunes et les personnes à revenus modestes. Mais face à cette montée en puissance, les forfaits Internet conservent leur place pour ceux qui privilégient la stabilité ou l’usage continu, notamment en déplacement. Deux offres, deux publics. Une concurrence qui redessine le paysage de la connexion au Bénin.
