Du 20 au 22 mai 2025, l’Institut de Recherches Halieutiques et Océanologiques du Bénin (IRHOB) a accueilli une formation intensive en télédétection et photogrammétrie. Cette activité s’inscrit dans le cadre des actions du consortium MarCNoWA, coordonnée par l’Université du Ghana.

C’est dans les couloirs de l’Institut de Recherches Halieutiques et Océanologiques du Bénin (IRHOB), en bordure du chenal de Cotonou reliant le lac Nokoué à l’océan Atlantique que se dessine une partie de l’avenir scientifique des jeunes Béninois passionnés par l’observation de la Terre. Une vingtaine d’étudiants, membres des clubs GMES and Africa, y ont appris à collecter et interpréter des données satellitaires, à manipuler des drones et à générer des images du littoral béninois en 2D et en 3D mais aussi à exploiter le potentiel de la eStation (online), station climatique du programme GMES and Africa, regroupant en un seul endroit des données et des produits d’Observation de la Terre (OT).
« Cette formation, qui s’ajoute à plusieurs autres que nous avons organisées, vise à outiller les étudiants membres des clubs GMES and Africa que nous avons mis en place, afin qu’ils s’approprient les outils d’observation de la Terre et puissent mieux comprendre les impacts du changement climatique et des aménagements humains sur l’environnement côtier », explique Professeur Zacharie Sohou, Directeur de l’IRHOB.
Fruit d’une coopération de longue date entre l’Union Africaine et l’Union Européenne dans le domaine de la science et des technologies spatiales, le programme GMES and Africa soutient actuellement le développement des capacités locales institutionnelles, humaines et techniques de sorte à permettre un accès durable aux services d’observation de la Terre au profit du développement de l’Afrique.
Des jeunes enthousiasmés
Au Bénin, l’IRHOB offre une opportunité précieuse aux jeunes de s’initier à ces outils de pointe, dans le cadre des clubs qu’il a mis en place. C’est dans cette optique que s’est tenu cet atelier de trois jours dédié à la télédétection. Pour Giovania Bankolé, étudiante en fin de master en écohydrologie, cette formation est arrivée à point nommé. Son mémoire porte sur l’évaluation du potentiel de séquestration du carbone dans le lac Nokoué, autour de Ganvié, surnommée la « Venise d’Afrique ».
« Le module de formation sur l’eStation nous apporte une réelle valeur ajoutée en nous permettant de maîtriser le traitement de données satellitaires avec des outils simples et intuitifs. Grâce aux outils d’analyse de cette plateforme, nous savons désormais télécharger et analyser des indicateurs clés comme la chlorophylle ou la température côtière pour des applications concrètes. Nous avons aussi découvert les prises de vue aériennes permettant de reconstituer des objets en 3D », raconte-t-elle, un large sourire aux lèvres, les pieds encore couverts du sable de la plage où les premiers vols de drone ont eu lieu
Même enthousiasme chez Henri Joël Teï, étudiant en licence 3 à l’Institut National du Cadre de Vie (ICaV), actuellement en stage de fin d’études. Son mémoire porte sur les impacts des aménagements côtiers sur la diversité floristique. « J’ai appris à utiliser l’e-Station pour générer des graphes à partir de paramètres environnementaux et évaluer les risques de sécheresse ou d’inondation, mais également exporter les données sous forme d’images et au format Excel pour d’autres traitements. En photogrammétrie, j’ai appris à piloter un drone, à traiter les images et à produire des cartes en deux et trois dimensions », explique-t-il.

Une vocation qui prend forme
Mais au-delà de l’aspect technique, c’est aussi une vocation qui naît, nourrie par le contact direct avec des formateurs passionnés. « Partager cette passion pour la télédétection avec des jeunes aussi motivés est véritablement enthousiasmant », confie l’un des formateurs.
« Nous leur avons montré comment analyser le mouvement du trait de côte, détecter les signes d’érosion ou encore cartographier les zones à risque. Aujourd’hui, avec les bons outils et un peu de rigueur, chacun peut contribuer à l’observation de la Terre pour le développement de notre pays ».
Une formation pratique et concrète
Le point culminant de la formation a été la combinaison innovante entre acquisition drone et analyse eStation : après un vol de drone couvrant 5 hectares du littoral béninois, les étudiants ont traité les images pour générer des orthophotos géoréférencées, tout en exploitant en parallèle les données satellitaires de l’eStation (température, chlorophylle, indice de végétation, précipitation, etc.). Cette synergie terrain/espace a permis à chaque participant de présenter des cartes et graphiques analytiques lors de la présentation finale, démontrant ainsi une maîtrise opérationnelle de la plateforme pour la recherche environnementale
Pour le Professeur Zacharie Sohou, Directeur de l’IRHOB, « Cette initiative est essentielle pour renforcer les capacités locales en matière d’observation environnementale. Nous avons besoin de jeunes formés, engagés, capables de produire des données fiables afin d’orienter les politiques de gestion durable de nos zones côtières »
Alors que les pressions environnementales s’intensifient sur les littoraux d’Afrique de l’Ouest, ces futurs experts du ciel et de la mer pourraient bien devenir les sentinelles de demain.
A la fin de la formation, chaque participant a reçu un certificat de participation.