La proposition d’une loi d’amnistie au profit de certaines personnalités politiques en détention, notamment de l’opposition, continue de faire débat dans l’opinion publique. Ce dimanche 15 juin 2025, le député Orden Alladatin, président de la Commission des lois à l’Assemblée nationale, a apporté des clarifications lors de son passage dans l’émission “L’entretien du dimanche” sur Eden TV.

Arsène AZIZAHO
L’opposition réclame une loi d’amnistie. La mouvance dénonce une stratégie politique. En effet, c’est le président du groupe parlementaire « Les Démocrates », Nourénou Atchadé qui a relancé la proposition de loi spéciale d’amnistie le 11 juin dernier. Cette loi ,si elle est votée, permettra la libération ou l’abandon des poursuites contre des opposants politiques tels que Reckya Madougou, Joël Aïvo, respectivement condamnés pour financement du terrorisme et complot contre la sûreté de l’État, et cie. Mais pour Orden Alladatin, l’appel renouvelé de l’opposition n’est qu’une manœuvre médiatique. « L’opposition aujourd’hui n’a pas la majorité à l’Assemblée nationale. Alors vous demandez, parce qu’il y a la caméra, au président de l’Assemblée, d’appeler une loi, alors qu’il n’y a aucune discussion préalable, ni avec nos groupes parlementaires, ni avec personne », a-t-il fustigé. Il dénonce un manque de concertation préalable entre parlementaires. De fait, selon le député de la mouvance présidentielle, le parti « Les Démocrates » chercherait surtout à influencer l’opinion publique en misant sur un effet d’annonce. « Ce qu’ils veulent simplement, c’est un effet d’annonce », a-t-il poursuivi. Il accuse l’opposition d’entretenir une « communication » et une « manœuvre » destinées à « embrouiller l’opinion ».
Pourtant, le texte avait déjà été rejeté en commission. Orden Alladatin rappelle que le texte avait été déposé au Parlement en janvier 2024 et avait été examiné par la Commission des lois, laquelle avait conclu à son rejet. À en croire le député, le texte souffrait de plusieurs insuffisances techniques : « Le texte qui a été déposé a péché sur le plan technique. Il n’a pas été bien fignolé. Une loi est de portée générale, dans sa structuration et dans sa formulation ». Sur le fond, Alladatin reste ferme. Les faits reprochés aux personnalités concernées sont, selon lui, d’ordre pénal et ne relèvent pas d’une simple décision politique. « Il s’agit de faits de droit commun », a-t-il insisté. Quant à la possibilité d’une grâce présidentielle, le député a rappelé la position du chef de l’État. « Il s’est prononcé. Il dit qu’il n’est pas favorable à ça », a-t-il martelé.
Faut-il le rappeler, dans sa sortie, quelques jours plus tôt, Nourénou Atchadé avait appelé les différents bords politiques à se retrouver autour de la table pour, dit-il, « aider le président de la République à sortir par la grande porte ». A ce propos, la réponse d’Orden Alladatin est sans équivoque : « C’est le peuple qui va porter le président en triomphe pour ses réalisations ». Quoi qu’il en soit, 2026 n’est pas très loin. Et à ce moment, le peuple aura le dernier mot.