Fidégnon HOUEDOHOUN

La nouvelle identité que s’adjuge la musique contemporaine au Bénin est sans doute Adjapiano. Cet afrobeat, fusion de Gogohoun et du semblable de Amapiano, est une créativité de Agossevi Aphosa Laurel Ludinno alias X-Time et Ghislain Adjalla alias Ghix. Avec cette nouveauté, ces deux artistes rappeurs ont su, de par leur talent, emballer le monde du showbiz béninois dans la nouvelle tendance musicale depuis 2023, l’année de sa création. Ainsi, il est rare d’écouter une nouveauté du rap des artistes contemporains du pays sans goûter au beat de Adjapiano. Force est de constater que ce succès que connaît la nouvelle tendance musicale n’a pas pu être enregistré au-delà des frontières nationales si ce n’est quelques collaborations faites avec des artistes d’autres pays de la sous-région. Ben, ingénieur de son fait sa lecture de la réalité. « Adjapiano donne l’impression d’être emprunté à Amapiano, un beat qui a révolutionné la musique nigériane. La musique nigériane a un grand pas sur celle béninoise. La belle preuve, lors des grands rendez-vous culturels du pays, les autorités font venir des artistes nigérians à grands frais pour nous jouer ce que les nôtres savent jouer déjà. Le fait qu’on a l’impression que les concepteurs de Adjapiano ont imité Amapiano pose un souci de son exportation. En plus de cela, lorsqu’on prend Soyoyo, Tckink système et bien d’autres, ces concepts ne sont pas pris par le monde du showbiz comme cela se doit. On peut même dire que Adjapiano a fait un peu la différence », a-t-il fait remarquer. Un artiste contemporain qui a requis l’anonymat estime qu’il est trop tôt pour dire que Adjapiano ne connaît pas de succès hors du pays. « Ce qui est remarquable, c’est que contrairement aux concepts connus dans le passé, Adjapiano a emballé presque tous les rappeurs béninois du moment. Alors qu’il a été créé il y a à peine trois ans. On pouvait compter du bout des doigts ceux qui faisaient les concepts du passé comme Soyoyo, Tckink système et autres. Il faut peut-être maintenir le cap jusqu’à ce que le succès soit véritablement enregistré hors du Bénin comme cela a été le cas du Coupé décalé de la Côte d’Ivoire. Et pourtant tout le monde sait que le Coupé décalé est une imitation de N’dombolo du Congo. La question d’imitation n’a pas de poids chez moi. Il faut plutôt travailler plus. Que le soutien des autorités et des acteurs du privé soit de taille. Combien d’artistes togolais font la musique des Toofan ? Et pourtant, ils ont conquis le monde hors de leur pays. C’est parce qu’ils ont travaillé sans relâche et ils ont eu la chance d’avoir du soutien de taille », a-t-il souligné. De nombreux acteurs du showbiz pointent du doigt le manque d’une unique identité musicale pour le pays comme c’est le cas au Sénégal, au Congo et en Côte d’Ivoire. « Beaucoup d’efforts restent à consentir pour exporter la musique béninoise, cas de Adjapiano. D’abord, l’absence d’une unique identité musicale au Bénin retient l’attention. En plus de cela, l’accompagnement, le statut des artistes, un bon cachet pour ne citer que ceux-là, sont à revoir. Les artistes qui enregistrent le succès hors de leur pays sont bien soutenus. Ce qui n’est pas encore le cas ici », a fait observer un acteur culturel. Pour l’heure, Adjapiano continue de faire le buzz dans le showbiz béninois et reste la tendance musicale du moment. Le souhait de tous les acteurs, c’est que cette dynamique puisse aboutir à des succès enregistrés hors du pays.