L’association Jeunes Acteurs de Développement (JAD) a levé le voile sur un projet éducatif à l’occasion d’une conférence de presse tenue à l’Université d’Abomey-Calavi, le samedi 17 mai 2025. Baptisé “Au Tribunal du Campus”, ce projet consiste en une simulation de procès pédagogique, avec pour objectif de sensibiliser la jeunesse estudiantine à la connaissance et au respect des lois.

Le contexte est alarmant. Les prisons béninoises sont passeés de moins de 7 000 détenus en 2016 à plus de 18 000 en 2023, selon Amnesty International. Les violences sur les campus (harcèlement, agressions, conflits) deviennent de plus en plus fréquentes. Dans leurs déviances, certains étudiants se retrouvent devant les juridictions. Et c’est là qu’ils se rendent compte qu’ils sont sous le coup de la loi. Malheureusement, “nul n’est censé ignorer la loi”.
C’est à juste titre que ce projet “Au Tribunal du Campus” entend apporter sa pierre à l’édifice de la sensibilisation. Isaac Houetchenou, président de JAD et ancien responsable étudiant résume ainsi l’esprit du projet : « Il faut connaître ses droits, mais aussi ses devoirs. Plusieurs fois, nous avons été confrontés à des situations où, par ignorance de la loi, nous avons commis des fautes. Ce projet est une réponse à cette méconnaissance généralisée du droit à l’université ».

Pour cette première édition, le thème retenu est le harcèlement sexuel, sujet d’actualité dans les milieux académiques. « La loi béninoise interdit désormais toute relation amoureuse ou intime entre enseignant et étudiant. Pourtant, peu de gens connaissent les procédures à suivre pour porter plainte ou se défendre », a alerté Nice Dadjo, coordinatrice du projet. Concrètement, le point d’orgue du projet sera une simulation grandeur nature de procès le 30 mai prochain sur l’esplanade du terrain de handball de l’UAC. Tous les rôles (juges, greffiers, avocats, accusés) seront joués par des étudiants.
Une immersion totale dans l’univers judiciaire, avec pour ambition de démocratiser l’accès à la connaissance juridique. « Nous voulons apprendre en nous amusant, à travers une forme théâtrale. L’idée est de faire passer les messages juridiques par l’art, dans un langage accessible », a insisté José Pascal Agbo, chargé de communication du projet, pour rappeler la dimension ludique et éducative de l’initiative. En plus de cette mise en scène éducative, le projet s’inscrit dans une démarche plus large : promouvoir la citoyenneté active, favoriser la culture de la justice et contribuer à l’Objectif de Développement Durable 16, dédié à la paix, la justice et des institutions efficaces.

A noter que le projet est parrainé par Mario Metonou, Procureur spécial près la CRIET, et a le soutien de plusieurs professionnels du droit et plusieurs organisations comme l’INF. Si l’édition 2025 est consacrée au harcèlement sexuel, les organisateurs prévoient déjà de traiter d’autres thèmes, les éditions à venir.
Arsène AZIZAHO