Favoriser l’insertion professionnelle des personnes handicapées, former les acteurs de terrain aux exigences de l’inclusion, renforcer les dispositifs existants en s’appuyant sur des pratiques éprouvées. Tels sont les objectifs que l’Agence nationale pour l’Emploi s’est fixés à travers deux sessions de formation organisées les 5 et 6 mai à Grand-Popo, puis les 8 et 9 mai à Bohicon. Avec l’appui de la Banque Mondiale et l’accompagnement technique de Handicap International, l’initiative visait à transmettre les acquis du projet d’amélioration de l’accès à l’emploi des jeunes en situation de handicap au Bénin à ceux qui sont quotidiennement en contact avec le public : les Responsables des Unités Locales de Promotion de l’Emploi et les Facilitateurs en Emploi.
L’enjeu n’était pas uniquement de reproduire un cadre théorique, mais d’ancrer une culture de l’inclusion dans les pratiques professionnelles. Dans un contexte où le handicap demeure l’objet de représentations stigmatisantes, il s’agissait de réarmer les esprits, de réorganiser les méthodes et de revisiter les fondements de l’action publique en matière d’emploi. Dès l’ouverture, le représentant du Directeur général de l’AnpE, Edgard Sambiéni a insisté sur la nécessité de déconstruire les préjugés et de transmettre à chaque acteur les compétences permettant de créer un environnement d’accueil respectueux, attentif et accessible. Il a évoqué une bascule : celle d’un modèle fondé sur l’exclusion passive vers une politique d’inclusion active, fondée sur la reconnaissance pleine des droits et des capacités de chacun.
Les contenus abordés durant la formation n’ont laissé aucune zone d’ombre. Les sessions, conduites par des conseillères en emploi aguerries et un expert en insertion professionnelle, ont permis d’aborder des notions jusqu’ici peu maîtrisées : la différence entre déficience et incapacité, le processus de production du handicap, les formes d’exclusion systémiques, mais aussi la Classification Internationale du Fonctionnement et l’approche APCU, pensée pour anticiper les besoins des personnes en situation de handicap dès la conception des dispositifs. Témoignages, mises en situation, analyses statistiques et études de cas ont permis de passer de l’abstraction à la réalité opérationnelle. L’outil central de cette transmission fut le guide des pratiques inclusives, conçu pour devenir une référence commune.
Du côté des bénéficiaires, les retours traduisent une prise de conscience immédiate. Michael Yokossi, facilitateur en emploi à Tanguiéta, évoque un changement de regard et l’urgence d’un accompagnement empreint de tact et de considération. Arman Djivo, responsable à Akpro-Missérété, parle d’une transformation profonde de ses réflexes professionnels. Raissa Ba Guiné, de Kérou, exprime son engagement à traduire les enseignements en actions dès son retour en poste. Ces témoignages illustrent une dynamique nouvelle qui dépasse le cadre de la formation pour s’inscrire dans une logique d’impact durable.
Le dispositif Azoli, bras opérationnel du projet ProDIJ, concrétisera cette ambition par l’insertion de 2 500 personnes handicapées à travers l’auto-emploi dans des filières comme le maraîchage, l’apiculture ou la cordonnerie. Des formations adaptées et des subventions d’installation sont prévues. Pour Judith Agassounon, cheffe de file technique du projet, l’inclusion est un impératif. Ce que le Bénin amorce aujourd’hui, c’est une reconstruction du lien social par le travail, une refonte des priorités qui place l’humain au cœur du développement.
