
Angelo DOSSOUMOU S.
Depuis le début de cette année, il ne s’arrête presque plus. L’étape des présentations inhabituelles de vœux passée, l’ancien président de la République Boni Yayi a multiplié des entrevues avec des personnalités politiques béninoises et pas des moindres. Tenez ! En quelques mois, les populations ont eu droit à ses aller-retours entre les domiciles d’Adrien Houngbédji, Bruno Amoussou, Mathurin Nago, Idji Kolawolé, Nicéphore Soglo, Théodore Holo et Robert Dossou. Forcément, à moins d’un an de la présidentielle de 2026, ces mouvements de l’ancien président de la République et leader charismatique du parti ‘‘Les Démocrates’’, le plus grand parti de l’opposition, ne laissent pas indifférent. Déjà, en minorité au parlement et obligée de subir la loi de la majorité notamment en ce qui concerne le code électoral, l’opposition au régime en place n’a d’autre choix que de ratisser large dans la perspective d’une alternance crédible en 2026. Et forcément, à défaut de pouvoir composer avec de grands partis politiques à l’instar de l’Upr ou du Br, Boni Yayi essaie visiblement de rallier à sa cause les grands électeurs.
Et pour cause, ayant perdu la bataille du parlement à travers la révision voulue du code électoral, il est obligé de trouver des alliés même si c’est en dehors de l’hémicycle pour atteindre ses objectifs. Malheureusement, rien ne peut se faire sans les députés dont 81 sur les 109 sont acquis à la mouvance présidentielle ou la Cour constitutionnelle, garante du respect de la loi fondamentale.
Alors, ce n’est pas un hasard si, en quelques mois, l’ancien président Boni Yayi qui n’a pas trop de marges de manœuvres au Palais des gouverneurs, a rencontré par trois fois Me Adrien Houngbédji. L’homme, plusieurs fois arrivé troisième ou deuxième aux élections présidentielles à l’ère du renouveau démocratique, reste, en dépit du poids de l’âge et des plumes politiques perdues, un dinosaure à ne pas négliger. Pareil pour Bruno Amoussou, le renard de Djakotomey qui, également, malgré une retraite politique, demeure une référence à consulter en matière de stratégie de conquête du pouvoir d’Etat. D’où, ces fréquentes visites de Boni Yayi à ces personnalités de premier rang ressemblent bien à des tractations politiques pour ne pas se faire conter la présidentielle de 2026. D’ailleurs, autant au niveau de la mouvance présidentielle, l’heure est à la recherche du meilleur profil pour une continuité assurée du pouvoir d’Etat, autant l’opposition actuellement sans une personnalité qui fait l’unanimité est, sans doute prête, à toutes les combinaisons pour revenir aux affaires.
Dans tous les cas, face à la grosse machine électorale de l’Upr et du Br, Boni Yayi et ‘‘Les Démocrates’’ n’ont d’autre choix que de chercher des voies et moyens pour exister. Apparemment, la piste empruntée est celle des grands électeurs. Mais, pour l’instant, difficile de savoir si, entre temps, la donne politique n’a pas changé et donc que les leaders politiques qui font l’objet des tractations de Boni Yayi ont encore la mainmise non seulement sur des députés qui leur sont fidèles mais encore sur leurs anciens fiefs. En définitive, la guerre Talon-Yayi qui dure et perdure, ne nous a pas encore livré son verdict final. 2026, ce serait, à coup sûr, un nouveau chapitre que l’opinion apprendra certainement à décrypter.