Consolider l’Eglise et rassurer le monde à travers ses exhortations. Ce sont les défis auxquels sera constamment confronté le pape Léon XIV, élu ce jeudi 08 mai, au Vatican.

Vadim QUIRIN
Apaiser les troubles au sein de l’Eglise et demeurer une force morale pour le monde. Tels sont, entre autres, les grands axes qui nourriront le pontificat de Robert Francis Prevost, élu ce jeudi 08 mai, au Vatican. Ces axes se résument dans le nom qu’il s’est lui-même donné pour sa mission : Pape Léon XIV. En effet, pour la petite histoire, Saint Léon, duquel ce pape veut puiser l’orientation de ses actions, était devenu pape à une époque troublée. En ce moment, l’Eglise était au bord de l’éclatement entre deux courants : ceux qui pensaient que le Christ était seulement divin et ceux qui soutenaient qu’il n’était qu’homme. Saint Léon, au cours donc d’un concile, notamment en 451, avait tranché : le Christ est vrai Dieu et vrai homme.
Présentement, le pape Léon XIV hérite de plusieurs questions sur lesquelles son prédécesseur n’a pas achevé le chantier. Entre autres, la question de la place des femmes et des laïcs dans l’Eglise. L’ordination diaconale des femmes, le remariage des divorcés, l’accueil à réserver aux homosexuels. « On voudrait voit le futur pape se repositionner par rapport à la doctrine générale à travers ses lettres, à travers sa position sur le plan climatique que le pape François avait beaucoup soutenu. Que le futur pape, tout en allant dans cette direction, remette l’Eglise sur sa ligne pour que les questions de doute, les questions de peur, les questions d’hésitation au niveau de la doctrine ne continuent pas et que la sérénité puisse gagner tous les cœurs », avait indiqué le 21 avril, un prélat.
En dehors de ce pan doctrinal, Léon XIV sera attendu sur la marque qu’il imprimera à la curie romaine. Son prédécesseur avait bouleversé les habitudes au point de mettre mal à l’aise les conservateurs. Il avait donné un coup de pied dans la fourmilière financière du Vatican. Il avait renoncé à certaines places d’honneur et a construit son espace à son image. Le Cardinal américain Robert Francis Prevost aura sa touche. Seulement, sa marque ferait-elle consensus entre conservateurs et progressistes ? Avant de devenir pape, au sein de la curie, il soutenait : « Les divisions et les polémiques dans l’Eglise ne servent à rien ».
Soutenir le faible
Les pauvres choyés sous le pontificat de François nourrissent également des espoirs. La religieuse et maître de conférence en philosophie, Agata Zielinski, porte leurs voix. Selon elle, le nouveau pape ne doit pas « oublier les souffrances du monde, ni les souffrances que l’Eglise suscite parfois elle-même, par le mal commis, par les exclusions ou des marginalisations provoquées ». Elle attend que le pape ait « une gouvernance qui soit sensible à la souffrance et qui soit au service de la joie du Christ ressuscité ». Léon XIV prend la mesure de la charge. Par rapport aux migrants, dans sa mission d’Evêque de Pérou, il avait développé « une approche pastorale centrée sur la dignité humaine, l’accueil, et l’accompagnement des migrants ». En outre, il apaise dès ses premiers mots en tant que pape : « Que la paix soit avec vous tous ».
En tant que force morale qu’il est en train de se donner comme trajectoire, ses premières déclarations seront scrutées pour déceler l’orientation qu’il donnera à ses lettres pastorales. Les premiers rendez-vous d’observation seront fin mai-début juin pour le jubilé des grands-parents ou personnes âgées et lors du jubilé des jeunes fin juillet-début août.
Autre aspect qui retiendra l’attention, l’axe diplomatique. Son approche pour la paix dans les régions tumultueuses et ses premiers voyages mettront la puce à l’oreille en ce qui concerne sa vision. Sa position face à la situation à Gaza, en Ukraine, au Soudan et au Congo Kinshasa est attendue. Pour l’heure le nouveau pape envoie au monde le message du respect du principe de l’universalité du genre humain : « Le mal ne l’emportera pas … Nous sommes un même peuple ».