Au Mali, la balle est désormais dans le camp du général Assimi Goïta. C’est à lui de dire ce qu’il compte faire des conclusions des discussions sur les partis politiques du pays. Un forum de discussion avait été lancé voilà trois semaines, d’abord au niveau local puis au niveau national. Il s’est conclu hier soir, à Bamako.

La première recommandation est de faire du général Goïta, un président de la République de plein droit. Le texte publié par la Primature précise qu’il s’agirait donc de « réviser la charte de la Transition en installant le général d’Armée Assimi Goïta comme président de la République pour un mandat de cinq ans à partir de 2025, renouvelable, à l’instar de ses pairs de l’AES ». En mars, le Niger a lui aussi fait du putschiste Abdourahamane Tiani un président de la République pour un quinquennat renouvelable ().
Les délégués réunis au Centre international de conférence de Bamako pour ces « consultations sur la relecture de la Charte des partis politiques » recommandent en outre de « suspendre toutes les questions électorales » jusqu’à la « pacification » du pays. Selon eux, il faudrait en effet « donner le temps nécessaire aux dirigeants actuels pour poursuivre la gestion de l’État ». Pas d’élections, donc, avant ladite « pacification ».
Concernant les partis politiques maliens, les délégués de la société civile et des formations politiques qui n’ont pas boycotté (137 sur 297 y ont pris part) proposent au général Assimi Goïta de dissoudre tous les partis et de rendre plus difficile à l’avenir d’en créer.
Depuis plusieurs semaines, de nombreuses figures politiques maliennes craignaient ce genre d’issue et pointaient du doigt la volonté des autorités issues des putschs de 2020 et 2021 au Mali de mettre fin au multipartisme instauré à la chute de la dictature militaire du général Moussa Traoré, en 1991. « C’est la même proposition au niveau de toutes les régions, donc on comprend que c’est une volonté de la junte. C’est un diktat » jugeait ainsi récemment Ismaël Sacko, président en exil du parti PSDA et cadre de la Coalition Sahel Démocratie.
Selon les autorités et leurs soutiens, il s’agit plutôt d’assainir la scène politique malienne. L’Initiative des partis politiques pour la charte (Ipac), qui regroupe la totalité des formations historiques et représentatives du pays, n’est pas contre, sur le principe. Elle avait transmis en mars ses propres propositions pour réduire le nombre pléthorique de partis existants, et pour encadrer et conditionner leurs financements publics afin de mettre un terme aux abus.
Source : rfi