À l’occasion du lancement de son rapport annuel 2024-2025, la section béninoise d’Amnesty International a tenu une conférence de presse ce mardi. Un rendez-vous planétaire décliné dans les différents pays membres du mouvement, pour faire le point sur l’état des droits humains dans le monde et au Bénin. Une photographie sombre d’une année marquée par l’autoritarisme, les conflits armés, la répression et l’inaction climatique.

C’est dans une salle comble du Bénin Royal Hôtel que Dieudonné Dagbeto, directeur exécutif d’Amnesty International Bénin, a présenté le rapport global de 495 pages. L’un des constats majeurs est la montée des pratiques autoritaires et la répression brutale des voix dissidentes à travers la planète. Le rapport pointe notamment les « 100 premiers jours du second mandat de Donald Trump », qualifiés de catalyseurs de tendances régressives, fragilisant la protection des droits fondamentaux à l’échelle mondiale. L’ONG dénonce une année 2024 marquée par le recul massif des libertés fondamentales, la multiplication des conflits armés, et une inaction quasi généralisée face à des crises majeures comme le changement climatique ou les inégalités croissantes. Le génocide des Palestiniens à Gaza, la guerre en Ukraine, les violences sexuelles au Soudan, les atteintes aux droits des femmes en Afghanistan et en Iran, la surveillance numérique abusive : autant de violations documentées dans le rapport, présenté comme une alerte à ne pas ignorer.
Le Bénin sous la loupe
Le rapport dresse également un bilan critique de la situation au Bénin. Sept points d’alerte y sont évoqués : atteintes à la liberté d’expression, restrictions à la liberté de réunion pacifique, arrestations et détentions arbitraires, usage excessif de la Force par les forces de l’ordre, conditions de détention alarmantes, expulsions forcées, et impunité persistante dans certaines actions des Forces de sécurité. « Ces préoccupations soulignent l’urgence pour le Bénin de renforcer ses mécanismes de protection des droits humains et de garantir la justice pour toutes et tous », a souligné Dieudonné Dagbeto. Glory Cyriaque Hossou, responsable média d’Amnesty International Bénin, a rappelé la vocation du mouvement. « Rendre compte, mais aussi éduquer et mobiliser ». Amnesty veut, à travers ce rapport, interpeller les États et la société civile pour exiger des comptes et faire respecter le droit international. L’organisation, forte de 10 millions de membres à travers le monde, insiste sur son indépendance politique, religieuse et économique, tout en affirmant que « la solidarité internationale reste la plus grande force contre les dérives autoritaires ». Le rapport a permis de mettre en lumière les menaces croissantes sur les libertés, mais aussi les poches de résistance citoyenne à travers le monde. « Le recul n’est pas une fatalité, mais il appelle à une vigilance de tous les instants », a conclu le directeur exécutif.
Le rapport complet est désormais accessible en ligne et dans les locaux d’Amnesty International Bénin. L’ONG invite les citoyens, les journalistes, les acteurs politiques et les membres de la société civile à s’en saisir pour engager des dialogues et des actions concrètes en faveur de la justice, de la dignité humaine et de l’État de droit.