Après avoir été deux années de suite le deuxième chercheur béninois le plus influent au monde, Professeur Romain Glèlè Kakaï vient d’entrer dans le cercle très fermé de l’Académie Africaine des Sciences (AAS). Il figure parmi les 88 nouveaux membres élus, selon une liste dévoilée le 25 avril 2025 par cette prestigieuse société savante panafricaine.

Fulbert ADJIMEHOSSOU(Coll)
Sa discrétion est connue de ceux qui le côtoient, tout comme sa rigueur et sa détermination. Enseignant-chercheur à l’Université d’Abomey-Calavi depuis bientôt vingt ans, Professeur Romain Glèlè Kakaï est de ceux qui travaillent dans l’ombre de la science pour éclairer les décideurs, à partir d’équations et de formules mathématiques. Une humilité scientifique qui n’empêche pas un rayonnement international.
Sur le continent, commence pour lui un nouveau parcours au sein de l’Académie Africaine des Sciences (AAS). « En tant que membre de cette prestigieuse société savante, j’ai hâte de contribuer à la mission de l’Académie, qui consiste à façonner les politiques en matière de science, de technologie et d’innovation à travers le continent, et à soutenir la prochaine génération de scientifiques africains », confie-t-il.
Sur la liste des nouveaux membres, on compte plus d’une vingtaine de nationalités. Sans surprise, les universités nigérianes et sud-africaines y sont largement représentées. Le Bénin n’y figure qu’une seule fois, avec le nom du professeur Romain Glèlè Kakaï, dans la catégorie des sciences agronomiques. Une reconnaissance majeure pour un homme qui, depuis bientôt vingt ans, construit pierre sur pierre une œuvre scientifique impressionnante, enracinée sur le continent.
« Cette élection n’est pas qu’un honneur personnel. C’est une reconnaissance du potentiel scientifique du Bénin. Nous avons les ressources pour contribuer activement à la science mondiale. Je suis profondément reconnaissant envers les membres de mon laboratoire, les bailleurs de fonds, mes collaborateurs nationaux et internationaux, ainsi que les étudiants qui ont fait partie de cette aventure », souligne le professeur.
Une suite logique
Né et formé au Bénin, Romain Lucas Glèlè Kakaï est major de sa promotion à toutes les étapes. Il décroche la première place au concours national d’entrée à la Faculté des Sciences Agronomiques en 1994, puis sort major avec le diplôme d’ingénieur agronome en 2000. Rebelote en Belgique, à l’Université de Gembloux, où il obtient le prix « Biométrie88 » pour le meilleur mémoire en DEA de Statistique et Informatique appliquées. Il y soutient ensuite sa thèse de doctorat, saluée par le prix Jan Tinbergen, attribué par l’Institut international de statistique aux meilleurs jeunes statisticiens des pays du Sud.
Recruté à l’Université d’Abomey-Calavi en 2007, il devient Professeur Titulaire du CAMES en 2015. Avec plus de 7 000 citations, Glèlè Kakaï est loin d’être un simple nom dans une base de données bibliométrique. Ses courbes, il les trace pour anticiper de nouvelles pandémies, optimiser les inventaires forestiers ou encore former les cerveaux de demain. Directeur du Laboratoire de Biomathématiques et d’Estimations Forestières de la Faculté des Sciences Agronomiques (LABEF/FSA), il a encadré et formé plus de 100 mémoires de master, 20 thèses doctorales et supervise actuellement 11 doctorants.
Pour le Bénin, pour l’Afrique
Son élection au rang de Fellow de l’AAS a suivi un processus rigoureux, basé sur une évaluation par des comités consultatifs spécialisés, suivie d’un vote des membres de l’Académie et validée par le Conseil de gouvernance. Professeur Romain Glèlè Kakaï tient à remercier deux mentors, le Béninois Norbert Hounkonnou et la Marocaine Rajaâ Cherkaoui El Moursli, respectivement Président et Vice-Présidente du Réseau des Académies Africaines des Sciences (NASAC), pour l’avoir nominé en 2024.
Cette nouvelle reconnaissance en tant qu’académicien s’ajoute à un parcours déjà jalonné de responsabilités : expert pour la FAO, coordonnateur de projets de modélisation avec l’OMS et GAVI, président du Réseau Afrique-Allemagne pour l’excellence scientifique, membre élu de l’Institut international de statistique, entre autres. Romain Glèlè Kakaï est de ces chercheurs dont le pays peut – et doit – être fier.