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Entretien avec le père Marcel Houndébasso : «Si c’est un Noir, c’est que Dieu l’aura voulu. Si c’est un Blanc, c’est que Dieu l’aura voulu»

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Il faut accueillir la volonté de Dieu. Le prochain pape sera le vicaire du Seigneur de notre temps, qu’il soit Noir ou Blanc. Tel est le message donné le lundi 21 avril par le père Marcel Houndébasso, curé de la paroisse Sainte Joséphine Bakhita .

Fraternité : Le monde a accueilli avec stupéfaction, ce matin du lundi 21 avril, l’annonce du décès du Pape François. Pourtant le dimanche de Pâques, les fidèles catholiques ont eu droit à la bénédiction papale et même au passage du Saint Père au milieu d’eux en papamobile. Comment personnellement, vous avez accueilli cette nouvelle ?

Père Marcel Houndébasso : J’ai accueilli cette nouvelle avec beaucoup d’étonnement. Etonnement parce qu’on l’a vu apparaître hier et il a même tenu à faire ce que désormais il faudrait appeler cet au revoir extraordinaire.  Néanmoins, en même temps que je suis surpris et cela nous laisse dans la consternation totale, j’y vois un signe de Dieu qui a voulu la paix pour son Eglise. Car, tout s’est passé pour ne pas perturber les célébrations de la semaine sainte et nous avons fait la Pâques paisiblement avec l’apparition du pape. Personne ne pouvait encore s’attendre à une telle annonce. C’est vrai qu’il a été malade et hospitalisé, mais cette période est passée et son décès survient au moment où personne ne s’y attend. Autre signe de Dieu que je vois, nous avons célébré la Pâques et le lundi de Pâques, dimanche de la Galilée, le pape fait sa Galilée. Il va répondre à la rencontre du Seigneur et cette rencontre n’est plus la merveille d’un moment mais pour la merveille éternelle, la félicité éternelle. Pour moi, je vois que le pape a accompli sa mission et le Seigneur l’accueille dans cette joie éternelle.

Le Pape vient de faire 12 ans de pontificat. Le chiffre 12 est biblique : à 12 ans Jésus était au temple, nous avons les 12 apôtres, les 12 tribus d’Israël. Peut-on présumer au regard de ce nombre d’années de pontificat et d’un point de vue humain, que le pape François est déjà au Paradis ?

Ce que l’on souhaite pour tous, est qu’en quittant cette terre, que  entrions dans cette félicité. Pour un pape, ce que, tous, nous attendons est qu’il soit accueilli par le Maître dont il a été le vicaire sur la terre. Indépendamment du chiffre 12, l’espérance m’ouvre à cette évidence que le Seigneur étant miséricordieux, il l’accueille dans sa joie. Qu’il passe un temps au purgatoire, le pape, en tant que vicaire du Seigneur, ayant servi le Christ, et surtout ayant ouvert son cœur à la miséricorde du Seigneur, miséricorde qu’il a prêchée tout le temps, miséricorde pour laquelle il a mis les dispositions afin que tout pécheur puisse avoir cette joie d’entrer dans la bonté miséricordieuse du Seigneur, je suis convaincu que cette miséricorde l’accueille maintenant. Et 12 ans de pontificat, il a fait son temps, il a accompli ce que le Seigneur voulait pour lui et nous bénissons le Seigneur.

Le « roi mort, vive le roi ». C’est maintenant le temps de l’ouverture de sa succession. Quels sont les textes liturgiques qui encadrent cette succession ?

La succession des apôtres est bien définie dans le livre des actes des apôtres. En dehors de ce fondement biblique, prenons l’organisation générale de l’Eglise comme cette société plus ou moins parfaite assez structurée. Ainsi, le pape François, récupérant le texte « Pastor Bonus » du saint pape Jean Paul II, avait ajouté sa touche pour que l’Eglise ne soit pas embêtée, outre mesure, par les dispositions. Il avait donc institué l’organisation qu’il faut pour que le conclave qui va accueillir sa succession puisse se dérouler en paix et tranquillement. Il y a alors introduit une réforme plus ou moins facile, claire et légère pour les cardinaux.

Pouvez-vous nous rappeler quelques points essentiels de la procédure conduisant à cette élection ?

La toute première chose à laquelle il faut penser, c’est l’inhumation du pape. Les cardinaux vont alors se réunir pour définir la date de son inhumation. Aussitôt après les obsèques, les cardinaux entrent en conclave. Pour rappel, quand le siège du pape devient vacant, c’est le collège des cardinaux qui gouvernent l’Eglise avec des réunions programmées presque tous les jours. Ceci, pour examiner un certain nombre de questions. Les cardinaux électeurs entrent donc en conclave dans la chapelle Sixtine et tout commence par le chant à l’Esprit Saint pour invoquer sa présence. Ils écoutent aussi certaines catéchèses par rapport à l’élection et ils prient beaucoup puis ils passent au vote du successeur du pape. Généralement, il n’y a pas de candidature définie en amont. C’est vrai, des noms circulent mais c’est surtout l’Esprit Saint qui souffle à des électeurs des idées et des orientations qui vont conduire la pensée des uns et des autres vers un même candidat. Le même Esprit les assistera et à l’issue du premier vote, une figure se dégagera. Ils chercheront à faire l’unanimité autour de la question. Et chaque fois qu’ils voteront et que le quorum ne sera pas atteint, il y aura la présence de la fumée noire jusqu’au moment où ils convergeront vers une figure qui doit d’abord   être acceptée. De là, elle sera la meilleure pour notre temps. Autrement, celle que Dieu désigne pour son Eglise. Ainsi, ils proclameront avec la fumée blanche : « Nous avons un Pape » et son nom apparaîtra. Tous ces votes seront secrets.

Celui que Dieu désigne pour son Eglise. Celui-là peut bien provenir de l’Afrique noire … Actuellement, nous avons de potentiels candidats. N’est-ce pas le tour de l’élection d’un pape noir ?

Ce n’est pas exclu que nous ayons un pape noir. Dans le même temps, nous devons noter que le pape sera celui que Dieu voudra. Celui qu’il désignera pour notre temps. Nous parlons du pape noir parce que nous sommes en Afrique. Mais Dieu surprend toujours. L’exemple est sous nos yeux. Personne ne s’attendait à l’élection de Mgr Jorge Mario Bergoglio, devenu pape François et qui vient de s’en aller. Certains pensaient à un Italien et à l’annonce de l’élection du pape François, ils avaient même cru que c’était l’Italien. C’est donc Dieu qui choisit pour l’Eglise. Ne restons pas enfermés dans ce désir qui montre toute notre appartenance à l’Eglise que nous voulons préserver, mais accueillons la volonté du Seigneur. Si c’est un Noir, c’est que Dieu l’aura voulu. Si c’est un Blanc, c’est que Dieu l’aura voulu. Nous allons accueillir celui que le Seigneur voudra pour son Eglise.

Le contexte de l’ouverture de la béatification du Cardinal Bernardin Gantin, appelé affectueusement premier pape noir, ne peut-il pas être vu comme une préfiguration de l’élection de ce pape noir ?

Soit ! Mais l’élection d’un pape noir est le désir des Africains. La béatification du cardinal Bernadin Gantin ne serait pas un signe qui prépare à l’élection d’un pape noir. De la même manière, l’Eglise n’a pas besoin d’un pape noir avant de béatifier le cardinal Bernadin Gantin. Si sa vie a été une vie de sainteté, le Seigneur soufflera aux hommes que celui-là est dans sa félicité éternelle et il est vraiment saint. Le saint, Dieu le sait déjà. Dieu l’a déjà accueilli. Il nous faut maintenant, à nous humain,  rentrer dans cette vision de Dieu et d’accueillir la volonté de Dieu. Je ne vois donc pas l’élection du pape noir comme la dynamisation qui boosterait la canonisation du cardinal Bernardin Gantin.  

Vous comptez aujourd’hui 20 années de sacerdoce. Soit un vivier d’expériences pour l’Eglise Catholique. Partant de cette expérience, explorons les grands défis du futur pape.

Le grand défi du futur pape est l’orientation qu’il donnera à l’Eglise. On voudrait voir comment il commence et quelle orientation il donne. Nous avons vu le pape François qui est un révolutionnaire et sa révolution est venue du monde des pauvres d’où il vient et surtout de son intuition de la miséricorde du Seigneur qu’il a tout le temps prôné : « Dieu est miséricordieux. Il pardonne tous les péchés. Le chrétien ne doit pas s’enfermer dans son péché ». Et cela l’a beaucoup poussé à faire des ouvertures pour l’Eglise même s’il n’a pas touché la question du mariage des divorcés, de l’ordination des femmes … Aurons-nous un pape conservateur ou un pape révolutionnaire, nous attendons.

Egalement, ne perdons pas de vue d’où était parti le pape François. La question du vaticaniste. En ce temps, le pape François, très habilement, avait mis de l’ordre dans les finances du Vatican. Le Futur pape sera également attendu sur cette question.

Un autre défi touchera la doctrine. Le pape François, se fondant sur la miséricorde de Dieu, faisant découvrir Dieu comme ce père plein d’amour et de miséricorde, avait orienté l’Eglise vers des principes qui ont fait de mécontents au Vatican. On voudrait voir le prochain pape se repositionner par rapport à la doctrine générale à travers ses lettres, à travers sa position sur le plan climatique que le pape François avait beaucoup soutenu. Que le prochain pape, tout en allant dans cette direction, remette l’Eglise dans sa ligne pour que les questions de doute, les questions de peur, les questions d’hésitation au niveau de la doctrine ne continuent pas et que la sérénité puisse gagner tous les cœurs.

Propos recueillis par Vadim QUIRIN

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