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Gbégamey : au cœur d’un marché moderne en quête d’effervescence

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En plein cœur du quartier Gbégamey, à quelques pas des grandes artères bourdonnantes de la capitale économique béninoise, se dresse une bâtisse flambant neuve, le marché moderne de Gbégamey. Inauguré en grande pompe, pensé pour améliorer les conditions de travail des femmes commerçantes, il peine pourtant à remplir ses allées. Les étals, bien alignés sous les toitures en tôle ondulée, peinent à dissimuler le vide ambiant. L’affluence, espérée massive, est restée mitigée.

Patrice SOKEGBE

Il est 10 heures et le marché est loin de l’effervescence qu’on pourrait attendre d’un centre commercial populaire. Quelques femmes, assises sur des tabourets en plastique, attendent les clients qui se font désirer. « Depuis qu’on nous a relogées ici, les ventes ont chuté », confie Maman Joséphine, vendeuse de condiments depuis plus de 20 ans. « Avant, même si on était à l’étroit, au bord de la route, il y avait du monde. Ici, les gens ne viennent pas. C’est trop caché ». Ce constat revient chez presque toutes les vendeuses interrogées. Le manque de signalisation, l’emplacement jugé peu stratégique et une accessibilité difficile pour les véhicules motorisés sont pointés du doigt.

Une chute des revenus

Pour ces femmes, majoritairement cheffes de famille, la baisse de la clientèle a eu un impact direct sur les revenus. Certaines ne réalisent même pas 1 000 francs CFA de bénéfice par jour. « Je viens ici chaque matin à 6 h, je repars à 18 h. Parfois, je n’ai même pas de quoi payer le transport retour », soupire Mariam, vendeuse de fruits. Elle montre un panier à moitié rempli de mangues mûres et ajoute : « Si je ne vends pas tout aujourd’hui, ça va pourrir ». Avec des charges qui ne diminuent pas – scolarité des enfants, loyers, soins médicaux – plusieurs femmes confient être nostalgiques de la rue où elles faisaient de meilleurs chiffres d’affaires mais redoutent à présent, les interpellations des agents municipaux.

D’ailleurs, plusieurs box flambant neufs au marché moderne de Gbégamey restent inoccupés. Certains sont fermés à clé depuis des mois. D’autres, recouverts de poussière, n’ont probablement jamais été utilisés. Selon plusieurs commerçantes, le coût de location est jugé cher. « On nous a dit que le marché est subventionné, mais nous n’avons jamais eu de réduction réelle. Beaucoup n’ont pas les moyens de payer un box, surtout avec les ventes actuelles », explique Honorine, vendeuse de poissons fumés.

Une promesse à moitié tenue ?

Pourtant, le projet du marché moderne avait suscité de grands espoirs. Promis comme un pas vers la dignité et la sécurité, il symbolisait l’ambition de la mairie d’assainir l’espace urbain tout en valorisant l’activité économique des femmes. Mais, sur le terrain, la réalité est pour l’instant, bien différente.

Et d’ores et déjà, certaines voix s’élèvent pour demander une meilleure communication autour du marché, des actions de sensibilisation et surtout, un dialogue réel avec les principales concernées. « On ne nous a pas vraiment demandé notre avis…On nous a déplacées, et maintenant on survit », lance une vendeuse de tomates. Cependant, le marché moderne de Gbégamey à l’instar des autres sur l’ensemble du territoire national reste une infrastructure utile, bien pensée dans sa conception, mais qui, jusqu’ici, peine à s’imposer dans les habitudes de consommation. D’où, certains usagers du marché de Gbégamey notamment les vendeuses en appellent à un effort concerté des autorités locales pour améliorer les conditions économiques et par la même occasion, la fréquentation.

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