Que veulent les Béninois qui s’engagent dans la vie militante, au sein de la société civile ou dans un parti politique ? C’est la grandeur du Bénin et l’élévation des standards de vie et de travail des Béninois. C’est du moins ce qu’on enregistre comme réponse de la part de chacun des acteurs lorsque la question leur est posée. Cette convergence de pensées et d’action devrait en principe gommer de fait, tous les clivages au sein de la classe politique. Parce que le développement du Bénin n’est l’affaire exclusive d’aucune obédience politique ni d’aucun courant idéologique. Mais alors, si le but que poursuivent les hommes à titre individuel et collectif est le même, qu’est ce qui les oppose au point qu’ils se battent comme des chiffonniers et se combattent avec une telle hargne dans l’arène publique ? Certainement pas l’amour de la patrie.
La course aux profits
Il est clair que la raison première des clivages politiques et des affrontements fratricides est le positionnement. Selon la position qu’on occupe dans la galaxie des décideurs, on peut jouir des avantages mirobolants et de nombreux privilèges. Qu’ils soient en nature ou qu’ils soient matériels, ces biens et ressources de l’État sont extrêmement gratifiants et offrent un confort de vie largement au-dessus du commun. Quand on se retrouve au bon endroit au bon moment où lorsqu’on a fait le bon combat qui a abouti à la prise du pouvoir, on est éligible au festin. A contrario, lorsqu’on n’a pas l’heur de s’asseoir à la table du prince régnant ou d’appartenir au sérail, on peut être non seulement privé de la jouissance des ors du palais, mais en plus on peut souffrir de nombreux maux.
Le pouvoir, le but ultime.
Tous les moyens de lutte pour la conquête des positions participent de la prise, de la conservation, de la reconquête et parfois, de la confiscation du pouvoir, afin d’en avoir le contrôle de la gestion. Car, c’est le pouvoir qui nomme et déplace les hommes, un peu comme sur un échiquier, en faisant d’eux les puissants dirigeants du moment ou les pleurnichards revanchards de l’opposition. Des opposants opposés en réalité à quoi ? Parce que tout de même, si tout le monde croit travailler au développement du Bénin, qu’est ce qui pourrait bien créer une opposition inconciliable et radicale entre des concitoyens qui visent les mêmes objectifs ? C’est le grand paradoxe qui met à nu les motifs ainsi que les intérêts personnels et égoïstes des hommes politiques. Pour se défendre, vous les entendrez dire qu’ils ne s’opposent ni aux programmes ni aux projets. Non ils s’opposent…aux méthodes cavalières et aux élans dictatoriaux. Le refrain ne varie pas et c’est compréhensible. On ne s’engage pas en politique pour jouer les opposants. Tous visent le sommet. Et tous les moyens sont bons pour décrocher le graal.
Anicet OKE