La corruption, ce mal rampant qui naguère, n’avait ses tentacules qu’en dessous, les a désormais, ostensiblement étalées au-dessus des tables. Si le phénomène est partout déploré depuis Mathusalem, le Bénin, pour sa part, a régulièrement innové, en fonction du ressenti et de l’inspiration des gouvernants du moment. Du concept de faire rendre gorge de Nicéphore Soglo au Haut-Commissariat à la prévention de la corruption de Patrice Talon, en passant par la cellule de moralisation de la vie publique de Mathieu Kérékou, la célèbre marche verte de Boni Yayi et la création de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption, les initiatives n’ont pas manqué. Malheureusement, pour un résultat largement discutable. Pour obtenir des résultats durables en matière de lutte contre la corruption, il faut agir sur le mental. Il faut former des citoyens modèles, qui soient conditionnés dès l’enfance à développer un comportement citoyen exemplaire.
Combattre le mal à la racine
En cela, le Haut-Commissariat, installé il y a quelques mois, se voudrait proactif, en privilégiant la prévention. Mais cette vision n’est pas la première du genre au Bénin. La cellule de moralisation de la vie publique avait fait circuler des caméras dissuasives et publié des manuels à l’usage des écoles. Par ailleurs, les 3 et 4 novembre 2011, Boni Yayi avait fait étudier et adopter une charte de bonne gouvernance, par les représentants des institutions de la République, des pouvoirs locaux, des partis politiques, des syndicats, du secteur privé et des organisations de la société civile. Cette charte avait pour but d’impliquer toutes ces entités, en synergie, dans la réhabilitation des valeurs républicaines indispensables au développement humain durable du Bénin. Sauf que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs
Nécessité d’une démarche foraine
Il n’y a cependant pas lieu de désespérer des nouvelles initiatives qui sont prises. Seulement, il est important, que dis-je, il est nécessaire d’adopter une démarche éclairée. En fixant des objectifs précis et en prenant des actes et des dispositions nécessaires pour gagner la prochaine génération et celles qui vont suivre. Il s’agira entre autres, de :
1- Définir le type de citoyen
à former, à éduquer et à conditionner dans le respect des 10 commandements républicains que sont: le patriotisme, l’honnêteté, l’intégrité, la compétence, l’égalité, la discipline, le service, le respect, la responsabilité et la loyauté.
2- Proposer à l’analyse, à l’amendement et à la validation populaire, un projet de charte de bonne conduite du citoyen, afin que la population à la base se l’approprie et en soit le principal artisan.
3- Enfin, après le vote par l’Assemblée nationale, faire une large vulgarisation de la charte et la décliner en modules à enseigner dans nos écoles, au titre de matière à coefficient de notation élevé.
Peut-être qu’à ce prix, nous pourrons relever le défi du futur, en gagnant des générations plus vertueuses. Tant il est vrai que c’est sur les enfants en bas âge que de telles acquisitions pourraient se révéler utiles. Mais pour y parvenir, il faudra que la volonté politique s’affirme avec plus de force et que l’on aille bien au-delà de l’installation d’un Haut-Commissariat à la prévention de la corruption dont les limites à réaliser ce grand programme d’état, paraissent évidentes. À moins que…