Considéré comme une « arnaque unilatérale et injuste », Donald Trump a accompli en 2025 l’une de ses volontés majeures en retirant les États-Unis de l’Accord de Paris. Cette décision a porté un coup au fragile équilibre de la lutte contre le réchauffement climatique. Si le retour des USA sous l’administration Biden avait en partie apaisé les tensions, les conséquences de ce retrait restent tangibles pour les autres nations.

Vingt-quatre heures après son investiture en tant que 47e président des États-Unis, Donald Trump n’a pas hésité à officialiser le retrait de son pays de l’Accord de Paris. Cet accord, adopté lors de la COP 21 en 2015, réunit 196 pays sous l’égide de la Conférence des Nations Unies sur le climat. Seuls le Yémen, l’Iran et la Libye se sont abstenus de le signer. Son objectif principal est de limiter la hausse des températures à +1,5 °C d’ici la fin du siècle, ou à défaut, sous la barre de +2 °C. Pourtant, les États-Unis, deuxième plus grand émetteur de gaz à effet de serre après la Chine, ont continué à contribuer à l’augmentation globale des émissions, qui sont passées de 35 milliards de tonnes en 2015 à 41 milliards en 2024. Elles pourraient atteindre leur pic en 2025.
Un sursaut d’orgueil pour les autres pays émergeants !
Lors de la COP 28 aux Émirats arabes unis, plusieurs nations productrices d’énergies fossiles, en particulier celles du Golfe, ont manifesté leur réticence à abandonner ces ressources en raison de leur impact économique. Cependant, malgré ces divergences, y compris aux États-Unis, un engagement progressif vers une réduction de la dépendance aux combustibles fossiles d’ici 2050 a été acté afin de limiter la pollution et le réchauffement climatique. Toutefois, cette transition pourrait avoir un effet néfaste en incitant certains pays à accroître leur taux de pollution pour combler le vide laissé par d’autres. Lors de la dernière COP à Bakou, un accord minimaliste a été conclu pour aider les pays en voie de développement. Ce qui prévoit un engagement financier de 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 de la part des pays du Nord (Union européenne, États-Unis, Canada, Australie, Japon, Nouvelle-Zélande), auxquels s’ajouteraient 1 600 milliards sous l’administration Biden. Néanmoins, le retrait des États-Unis pourrait freiner l’élan mondial en affaiblissant la confiance des autres nations vis-à-vis des traités internationaux. Dans le même temps, l’UE pourrait s’allier à la Chine et à d’autres pays émergents avec la probable naissance des blocs géopolitiques pour renforcer ses partenariats afin de respecter cet accord.
La mise en œuvre de l’Accord de Paris repose en effet sur la crédibilité des engagements pris. Si les industriels et autres acteurs économiques doutent de la volonté réelle des grandes puissances à respecter leurs objectifs, ils pourraient être tentés de poursuivre leurs activités polluantes sans contrainte. Le processus de rehaussement des ambitions climatiques risque ainsi d’être compromis. Les Etats-Unis risqueraient également de se confronter aux nouvelles normes internationales, ce qui pourrait perturber leurs échanges commerciaux avec des pays adoptant des mesures climatiques.
Des répercussions imminentes sur les pays du Sud !
Le retrait des États-Unis pourrait entraîner la suspension de leur contribution au budget de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC), ce qui limiterait l’aide apportée aux pays en développement. De même, la participation américaine au financement du Fonds vert pour le climat, destiné à soutenir les projets des pays du Sud pour réduire leurs émissions et s’adapter aux effets du changement climatique, pourrait affecter les relations commerciales et diplomatiques. Cela ne ferait qu’accentuer encore plus les difficultés financières auxquelles ces pays font déjà face, d’autant plus que la promesse des nations développées de verser 100 milliards de dollars par an reste en grande partie inaboutie. Les pays en développement devront donc redoubler d’efforts et trouver d’autres sources de financement, sans pouvoir compter pleinement sur l’aide des grandes puissances. Le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris ne se limite pas à un simple geste politique mais surtout, pourrait conduire d’autres nations à leur emboiter les pas. Il redéfinit les équilibres mondiaux et pèse lourdement sur l’avenir de la planète. Aussi, permettra-t-il aux autres pays de réfléchir autrement.
Watson SAMA (Coll)