Dans une ferme située à Allada, des dizaines de ruches offrent du miel naturel. Entre précautions et savoir-faire, l’apiculteur Théophile Wuemenou veille sur ses abeilles etdémontre sa maîtrise l’art délicat de la récolte. Du choix du bois des ruches à la surveillance minutieuse des colonies, il dévoile les secrets d’un métier exigeant où patience et observation dictent le succès. Plongeant dans l’univers fascinant d’un apiculteur passionné, au rythme du miel et des saisons.

Ange M’poli M’TOAMA
Des abeilles voltigent et du miel coule dans la forêt de la ferme ‘‘Jardin d’Eden’’ Au milieu des ligneuses, gisent une dizaine de ruches. À peine on met les pieds dans le sanctuaire des ligneuses qu’on entend un bourdonnement qui emplit l’air, comme une mélodie orchestrée par des milliers d’ouvrières en pleine activité. C’est le signe de la forte activité des abeilles, signale Théophile Wuemenou, apiculteur et propriétaire de la ferme. On n’entre pas dans la zone sans précaution. D’un geste précis, il ajuste son voile protecteur et s’approche lentement d’une ruche. « Ce matériau leur offre un habitat idéal », déclare-t-il. Des ruches sont installées entre les arbres et les abeilles y travaillent sans relâche pour produire du miel. « Nous utilisons du bois d’iroko parce que les abeilles l’aiment beaucoup », explique-t-il en tapotant une ruche. Ce bois leur offre un habitat confortable et les aide à bien produire. Au loin, on peut voir un essaim d’abeilles sur une ruche là-haut perchée sur un arbre. À priori, c’est difficile de s’en approcher pour recueillir le miel mais Théophile Wuemenou, dans un accoutrement y dédié, démarre le processus.
Le rituel de la récolte
Avant de commencer, il allume un enfumoir. Une fumée douce s’élève et calme les abeilles. Puis, avec précaution, il ouvre la ruche et retire une baguette recouverte de miel. Le liquide doré brille sous la lumière du soleil. Il le dépose délicatement dans une bassine et continue son travail. « Regardez ! », s’exclame-t-il en extirpant une lame de miel ruisselante. La texture est dense, l’arôme enivrant. Il dépose soigneusement les cadres dans une bassine, poursuivant son travail avec une précision presque chirurgicale. Mais tout ne se passe pas toujours bien. « Si on attend trop longtemps, les abeilles mangent leur propre miel », raconte-t-il. « Parfois, elles ont pondu des œufs et le miel est mélangé à de l’eau. Dans ce cas, la récolte est perdue », confie-t-il en inspectant une autre ruche. « D’autres fois, elles ont pondu des œufs et des larves ont commencé à éclore. À ce moment-là, si vous pressez, vous obtenez plus d’eau que de miel ».

Apiculteur, un métier exigeant
Être apiculteur, c’est exigeant. Ce dernier est appelé à surveiller les ruches chaque jour et choisir le bon moment pour la récolte afin d’éviter des pertes. « Il faut bien observer la nature », dit Théophile. « Si nous ne respectons pas le rythme des abeilles, elles feront les choses à leur façon, et ce ne sera pas toujours bon pour nous ». Dans cette forêt où la nature règne en maître, chaque ruche est une véritable cité en effervescence. L’élevage des abeilles, c’est une course contre la montre. Attendre trop longtemps avant la récolte peut signifier une perte sèche. « Il faut surveiller régulièrement pour ne pas arriver trop tard », insiste Théophile. Les ruches bien entretenues, les bonnes périodes de récolte et la qualité du bois utilisé sont les clés du succès. Grâce à ces précautions, l’or liquide de la forêt coule à flot, prêt à enchanter les palais avec son goût floral et sucré. Dans cette forêt paisible, Théophile sourit : il sait que chaque goutte de miel est le fruit d’un travail bien fait. L’apiculture est plus qu’un métier pour lui : c’est un art, une danse silencieuse avec la nature où l’homme et l’abeille avancent ensemble, au rythme du miel.