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Editorial : l’uppercut inattendu de Patrice Talon

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Les Béninois connaissaient la fermeté de Patrice Talon. Ils devinaient son opiniâtreté. Ils viennent de prendre toute la mesure de son inflexibilité. En concluant son discours sur l’état de la nation, Patrice Talon a pris le personnel politique de court. Avec des mots choisis exprès pour désarçonner l’opposition qui croyait être préparée à répliquer par les railleries habituelles. De fait, l’opposition n’a pas été que sonnée par ce méchant uppercut. Elle en a perdu la voix. À telle enseigne qu’elle a cru devoir revoir son plan de riposte initial sur les médias, en faisant annuler dare-dare ses rendez-vous y afférents. L’affaire est bien plus sérieuse que prévue.  Il faut revoir la copie. Et adapter une nouvelle stratégie à ce coup inattendu. C’est que la réplique n’est pas facile. Il n’est réellement pas aisé de nier une évidence soulignée par Patrice Talon : notre passé est honteux.

Le désordre et l’anarchie

 La racine du mal remonte à bien loin. Et il se trouve que naguère encore, plus de deux cents partis politiques, étaient actifs dans la fange délétère du clientélisme, de l’opportunisme, du marchandage, du chantage, de la corruption et de la compromission. Le harcèlement politique était permanent.  Le système scolaire, le système sanitaire et l’appareil judiciaire étaient  souffreteux. Les années scolaires blanches ou raccourcies, les victimes innocentes mortes sur l’autel des grèves sans service minimum dans nos centres de santé,  le financement des projets qui s’évaporait par milliards de francs, l’argent des marchés publics perçu sans aucune contrepartie de service, les éléphants blancs des logements sociaux inhabitables, la centrale électrique bidouillée, les chantiers des sièges d’institutions abandonnés, les routes et ponts à  moitié construits…illustrent bien le chaos. Le pays était malade. Dans ce désordre institué, en semaine et principalement en week-end, un concert de sirènes hurlantes ponctuaient les mouvements des autorités locales, préfectorales, ministérielles,  de la police, de la douane et de l’armée, cooptées ou nommées par pure complaisance, qui commanditaient des messes,  des prières et des marches à la gloire du grand manitou.

La honte

 Lorsque « le dieu qui exauce les vœux plus rapidement que le père céleste » effectuait l’une de ses incessantes sorties, les billets de banque froufroutaient à la ronde. De la présidence de la République, on sortait avec espèces sonnantes et trébuchantes, en affichant un sourire de banane. « Papa bonheur » était généreux jusqu’à la prodigalité avec l’argent public distribué au petit bonheur la chance. Ça n’empêchera pas que les forces syndicales et politiques de l’opposition se coalisent pour tenter de paralyser le pays. Les télécommandes fonctionnaient alors à  plein régime. À telle enseigne que, bien qu’étant naturellement flegmatique, empathique et même populiste, le maitre de céans, excédé et fulminant, martèlera :« Je mets en garde quiconque va prendre la rue pour faire du désordre…On ne peut pas continuer comme ça… Cette démocratie là que nous menons, c’est du Nescafé, chargée de désordre et d’anarchie…».

La fureur du chef semblait justifiée. Le Bénin, son pays à lui, le docteur en économie, était le dernier de la classe dans l’espace UEMOA.  À la télévision, il confessera dans la peine « j’ai honte… ».

Les mêmes causes…

Alors, lorsque Patrice Talon qui plaide coupable à toutes les tribunes, pour avoir contribué à entretenir et à profiter du désordre et de l’anarchie, affirme que le Bénin a trouvé irréversiblement son chemin aujourd’hui, on voudrait le croire. Quand il dit avec gravité que, «…Aucune supplication, aucun râlement, aucune menace ne nous fera reculer… », on croit entendre son prédécesseur, aux heures chaudes des manœuvres politiciennes. Manifestement  les mêmes causes continuent de produire les mêmes effets. Au grand dam du Bénin.

Anicet OKE

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