A l’occasion du septième annniversaire du parti Mouvement des Élites Engagées pour l’Émancipation du Bénin (MOELE-BENIN), son président, Dr. Jacques O. H. S. AYADJI, technocrate rompu à la tâche, précédemment acteur de la société civile et depuis quelques années très actif sur le terrain politique, a bien voulu se prêter aux questions de La Nation et de Fraternité.

Dans la présente interview, sans langue de bois comme à ses habitudes, il s’est prononcé sur la place de MOELE-BENIN dans la mouvance présidentielle, l’actualité du parti, ainsi que les investissements et dispositions en cours pour sa participation aux élections générales de 2026.
Votre parti boucle son 7ème anniversaire de naissance. Si on vous demandait de résumer ce parcours en quelques lignes, que diriez-vous ?
MOELE-BENIN est né avec des femmes et des hommes désireux de construire quelque chose de fondamental et de durable pour ce pays, dans la détermination, l’amour, le courage et surtout la conviction qu’ensemble ils peuvent être porteurs d’une nouvelle espérance politique.
De sa naissance à aujourd’hui, MOELE-BENIN a fait son petit bonhomme de chemin et poussé ses dents au bon moment. De sorte qu’il se retrouve désormais à l’âge de la raison, celui de la force constructive, de l’analyse objective et des choix rationnels. Et sur ce point, notre devise en dit long. Dans la vérité, nous travaillons pour la patrie : chaque mot vaut ici son pesant d’or : vérité, travail et patrie. Nos militants consciencieux en sont aujourd’hui pétris et c’est à l’honneur de tous, à l’honneur du parti. ‘‘Petit à petit, l’oiseau fait son nid’’. Naître avec les dents (suivez mon regard) n’est jamais un bon signe pour une vie d’ordre et de discipline, encore que dans notre société, naître avec les dents est synonyme d’une catégorisation peu joyeuse. En cela, j’aime citer un adage africain que le Président Houphouet Boigny de la Côte d’Ivoire de regretté mémoire, a su élégamment rappeler dans l’un de ses discours des premières années de son long règne à la tête de son pays. Que dit l’adage ? Citation : “ Il faut que vous nourrissiez vos enfants jusqu’à ce qu’ils poussent les dents afin qu’ils puissent vous nourrir quand vous aurez perdu les vôtres”. Cet adage met l’accent sur le fait que la vie politique doit s’inscrire dans une marche et une démarche qui responsabilise chacun et tous. C’est le sens que MOELE-BÉNIN donne à sa marche politique.
L’heure est-elle à la célébration ?
Ce 28 juillet 2025, marque la date anniversaire de la création de notre parti politique qui boucle ses 7 ans d’existence. Il nous importe évidemment de célébrer ce moment, de nous réjouir du chemin parcouru ensemble, du développement de notre parti, de nos acquis, de nos militants et singulièrement des fondations de plus en plus profondes du parti qui se construit sur la base de convictions fortes et d’un idéal. Par-delà ce qui précède, pour le Bureau Politique National (BPN) et pour nos militants, l’heure est au souvenir, à l’introspection et à la projection.
Souvenir, d’abord, du chemin parcouru : d’où venons-nous ? Cette question suppose un rappel de notre parcours, de nos succès et insuccès, des péripéties qui ont jalonné le chemin, mais aussi des actions que nous avons posées en notre qualité de parti politique, notre devise, notre vision, notre engagement patriotique, notre comportement en tant que force politique crédible, notamment la tenue régulière des instances caractéristiques d’un parti politique, etc. En sept ans, MOELE-BÉNIN a régulièrement tenu les réunions et sessions de ses instances, à savoir, le bureau directeur national, le bureau politique national, le conseil national et le Congrès. Il compte à ce jour : six Conseils Nationaux, un Congrès Ordinaire et quatre Congrès Extraordinaires, sans oublier les multiples sessions du Bureau Directeur National et du Bureau Politique National.
Introspection, ensuite, pour interroger la qualité de notre engagement par rapport aux idéaux du parti. Cet exercice à la fois individuel et collectif a l’avantage de nous remobiliser et nous recentrer sur notre objectif du moment, celui de la densification de notre militantisme pour être des citoyens de qualité utiles à la nation et celui du soutien à la mouvance présidentielle.

Projection, enfin, c’est-à-dire où allons-nous ? Dans un premier temps, ce sera les élections générales de 2026, c’est le court terme. Il s’agira de voir comment nous nous préparons pour les élections législatives et communales avec notamment le travail sur le terrain d’élargissement de notre base, le renforcement de nos acquis, la constitution des dossiers, etc, et comment nous nous organisons pour l’élection présidentielle. C’est un vaste chantier comme vous pouvez le constater. À moyen terme, ce sera la poursuite du travail sur la structuration du parti avec des séminaires et des formations au militantisme et à long terme, puisse le Créateur nous donner longue vie, pour la conquête et l’exercice du pouvoir d’Etat.
Si vous appelez cela célébration, être bien c’est notre manière de célébrer cet âge de raison où le parti MOELE-BÉNIN est fier d’avoir satisfait à toutes les obligations qui incombent à un parti politique pour inspirer respect et admiration ; les honnêtes personnes nous le soufflent souvent mais pour nous autres, il reste encore du chemin à parcourir, prioritairement celui d’avoir des élus à nos couleurs.
Comment parvenez-vous à canaliser autant d’énergies afin qu’elles profitent effectivement au parti ?
Quelle question ! MOELE-BÉNIN, ce sont des hommes et des femmes, mais je vais être précis, ce sont des militants et des militantes moulés dans une vision et un idéal. Un pareil regroupement ne peut que dégager de la positivité et ceux qui sont éblouis par cette lumière savent prendre leur chemin. Il est évident que lorsque la vision est claire et partagée, les objectifs consensuellement définis et déclinés dans un environnement de saine émulation qui promeut et valorise toutes les idées, la mutualisation des énergies au profit du collectif, au profit du parti, se fait tout naturellement.
Votre parti s’illustre au même titre que les autres dans des cycles de démission-suspension. Ce phénomène ne menace-t-il pas votre cohésion interne ?
Au sujet des démissions, c’est à peine que je n’ai pas déjà répondu à cette question dans mes propos précédents ; mais pour vous dire la vérité, ce phénomène quasi général a une explication : le manque de conviction de ces personnes qui adhèrent aux partis politiques avec l’objectif de réalisation personnelle, la mauvaise compréhension du militantisme politique qui en découle et enfin l’empressement. Pour ma part, le débat idéologique est la vraie solution pour arrêter ce phénomène de démission fantaisiste qui en réalité n’honore pas ses auteurs. Avant toute adhésion à un parti, il faut réfléchir pour éviter de se ridiculiser par la suite par ce que j’appelle personnellement des démissions non-sens.
J’avais souhaité que tous les partis politiques, de la mouvance comme de l’opposition, créent une plateforme de rencontre pour former les militants et surtout leur faire comprendre que la politique, c’est juste des chemins différents pour un même objectif, un peu comme les 7 notes de musique qui sont coordonnées pour nous donner un bon son. J’espère être compris un jour et si on y arrive ce serait une grande bataille gagnée pour l’échiquier politique national.
Comment va aujourd’hui MOELE-BÉNIN ?
MOELE-BÉNIN, ce sont des figures politiques d’envergure sur l’ensemble du territoire national, mais c’est aussi et surtout, beaucoup plus les jeunes, les femmes et les personnes en situation de handicap. Et MOELE-BENIN se porte très bien.
Peut-on affirmer après ces sept années que votre parti est solidement enraciné dans les terroirs nationaux ?
Par rapport à l’ancrage national, permettez-moi de vous raconter une petite anecdote : lors de l’élection présidentielle de 2021, à la suite de la tournée nationale de la coordination nationale de campagne du duo TALON-TALATA, c’est seulement MOELE-BENIN qui a répondu présent partout dans les 546 arrondissements de notre pays et c’est cela qui a valu la décision du candidat Patrice TALON de demander à ce que ce soit notre parti qui désigne tout seul les 546 coordonnateurs d’arrondissement du duo. Pensez-vous que si nous n’avions pas l’ancrage national, on aurait rassemblé aussi facilement et pour le compte de toute la mouvance présidentielle ces militants qui ont servi à cette élection ? Notez qu’à MOELE-BÉNIN, le grand bruit n’est pas notre option, nous travaillons sur le terrain et nous avançons au rythme de toute organisation qui a à cœur la construction d’un édifice solide, c’est-à-dire construire l’Homme qui va servir la nation.
Quels sont vos rapports avec les autres partis de la mouvance présidentielle ?
Au regard de mon précédent développement, vous pouvez deviner aisément ma réponse à votre question : quelqu’un qui prône l’existence de passerelles dans la vie politique, qui a une certaine compréhension du militantisme et de la vie politique ne peut avoir avec les autres partis politiques que des relations d’organisations politiques qui se respectent. Vous l’aurez compris, je parle avec tout le monde (mouvance comme opposition) dans l’intérêt général, l’intérêt supérieur de notre pays. À MOELE-BENIN, c’est notre façon d’entretenir la concorde entre les regroupements, concorde basique qui se trouve être le socle de la paix nationale.
Pour les communales de 2020, vous avez préféré soutenir un autre parti plutôt que de défendre vos couleurs. Comptez-vous prendre la même option au vu des résultats peu encourageants obtenus lors des législatives de 2023 ? Ou entrevoyez-vous un accord de législature ?
En 2020, notre option n’a jamais été de soutenir un autre parti politique plutôt que de défendre nos couleurs. Au contraire, MOELE-BÉNIN a bien fait acte de candidature à ces élections. C’est suite au rejet par la CENA de cette candidature que l’option de soutenir un autre parti a été faite. S’agissant des élections de 2026, ce que je vois se dessiner est un accord de gouvernance et de coalition parlementaire entre les quatre partis politiques qui soutiennent aujourd’hui les actions du Président Patrice TALON. Ces quatre partis politiques sont connus de tous et point n’est plus besoin de les citer.
N’en avez-vous pas marre, vous et vos militants de l’hégémonie de UPR et BR ? N’est-il pas temps de jeter l’éponge ?
Hégémonie dites-vous ? De quelle manière ? Je voudrais vous préciser à nouveau que MOELE-BÉNIN n’est pas un regroupement d’anciens partis politiques mais une initiative née sur la base d’un constat, d’une conviction et d’une détermination. Ça change tout n’est-ce pas ? En termes de visibilité sur l’échiquier politique national, nous le sommes tous, et en termes de travail à la base pour la mobilisation des citoyens, chacun y va selon ses objectifs. MOELE-BÉNIN qui s’inscrit clairement dans une politique de développement de l’Homme a forcément une approche qui attire ceux et celles qui se reconnaissent dans les actes qui impactent dans la durée et dont s’éloignent les adeptes de l’immédiateté et de l’opportunisme. Je vous serais reconnaissant d’accepter cet angle d’analyse en lieu et place de l’image que l’on se donne pour exister ou donner l’impression d’exister. MOELE-BÉNIN a l’avantage de la construction sur du roc et s’emploie à répandre cette vision de la politique, la seule qui garantit stabilité et longévité pour nos partis politiques. Le Parti socialiste français existe depuis des lustres et a ses militants, ses sympathisants et ses zones d’influence. Il en est de même pour la droite française même si elle change de noms. Pareil pour l’extrême gauche française qui fait sa mue tout en conservant son idéal et ses bases idéologiques. La logique de construction et d’enracinement est notre choix et nous ne serons pas un feu de paille comme ce fut le cas des ancêtres des partis politiques hégémoniques dont vous parlez.
Sans langue de bois : le système partisan tel qu’il est configuré, n’est-ce pas la mer à boire pour vous ?
Une bonne question ; le système partisan a connu une évolution ces dernières années et c’est heureux qu’on s’y penche. Repenser le système partisan est une démarche qui devrait commencer par un point, celui du débat idéologique qui permet de classer les partis politiques selon les valeurs auxquelles ils croient individuellement et collectivement. Pour ma part, c’est plutôt cela l’exercice difficile, la mer à boire pour emprunter votre expression. Cette étape nous aurait évité tant de déboires dont la multiplication des partis politiques. Des partis se créent toujours et c’est là où j’ai le sentiment que quelque chose a manqué.
L’objectif principal d’un parti politique, c’est la conquête et l’exercice du pouvoir politique. Il y a peu de chances en considération des parrainages que n’a pas votre parti, que vous soyez candidat à la présidentielle de 2026. Auquel cas, y a-t-il des candidats qui emportent votre choix ?
Des candidats qui emportent notre choix pour la présidentielle 2026, dites-vous ? MOELE-BÉNIN est un parti politique de la majorité présidentielle actuelle. Il est surtout un parti fidèle, sincère, loyal et discipliné dans ses engagements. Vous comprenez donc qu’il n’entend pas s’écarter de la stratégie de son camp politique dirigé par le Président Patrice TALON. Les choix de notre camp seront les nôtres et c’est cela la discipline de groupe en politique.
L’opposition ne cesse de pointer du doigt le code électoral qu’elle juge crisogène. On imagine que vous ne partagez pas cet avis…
C’est l’avis de l’opposition et vous avez bien fait de donner cette précision.
Pensez-vous qu’elle force sur les traits ?

Chacun est dans son rôle. MOELE-BENIN est respectueux de l’ordre républicain que nous avons établi nous-mêmes et pour nous, les élections doivent avoir lieu conformément aux lois en vigueur qui ne s’appliquent pas à un groupe de partis politiques contre un autre.
Vous êtes depuis quelques mois ministre-conseiller. Comment vivez-vous cette expérience et qu’apportez-vous de nouveau à la dynamique gouvernementale ?
C’est une très belle expérience de contact direct avec les populations que le Président de la République m’a donné la chance de faire actuellement et je l’en remercie. C’est une expérience que je fais avec plaisir, bonheur, dévouement et grande satisfaction. Ce qu’il y a de nouveau, c’est le faire savoir et le faire remonter. Faire savoir aux populations ce qui a été fait depuis 2016 à ce jour dans les secteurs infrastructures et cadre de vie. Puis faire remonter au Chef de l’État les doléances et les insatisfactions de nos concitoyens dans les mêmes secteurs. Ce qu’il y a aussi de nouveau, c’est ce sentiment désormais partagé de la proximité de plus en plus ressentie de l’Exécutif vis-à-vis des populations, ce qui est un des griefs connu et répandu contre la gouvernance exemplaire du Président Patrice TALON. C’est tant mieux donc.
Quelles sortes de relations entretenez-vous avec le président Patrice Talon ?
J’ai de très bonnes relations avec le Chef de l’État. Vous vous en doutez bien, car il a fait de moi successivement depuis 2016 à ce jour Directeur Général des Travaux Publics, Directeur Général des Infrastructures, Administrateur de la société des Infrastructures routières du Bénin (SIRB), Administrateur Délégué de la société des infrastructures routières et de l’aménagement du territoire (SIRAT), Directeur Général des Infrastructures de transport (DGIT), Directeur des Transports Terrestres et Aérien (DTTA) et Ministre Conseiller aux Infrastructures et au Cadre de vie. Mais souffrez que je ne vienne m’étendre dessus en public. Ce ne serait pas responsable.
Vous arrive-t-il de le lui dire lorsqu’il fait des options que vous n’épousez pas ? Auquel cas, tient il compte de votre avis ?
Ma réponse à la question précédente est on ne peut plus claire et me fonde à ne pas m’étendre sur cette question que vous me posez. Ce n’est pas sur la place publique qu’un responsable aborde ce genre de sujet. Quoiqu’il soit sans doute utile de faire observer ici que le Chef de l’Etat a une qualité remarquable d’écoute active qui que vous soyez.
MOELE-BÉNIN fera-t-il le choix de raison de fusionner avec une autre formation politique à court ou moyen termes ? Sinon, quelles sont ses perspectives pour les 7 prochaines années ?
Pourquoi estimez-vous que fusionner avec une autre formation politique serait un choix de raison ? Si c’est pour fusionner après, pourquoi ne pas l’avoir fait directement plutôt que de faire quand même l’étape de la création ? Ce n’est pas notre conception de l’action politique. Un parti politique, c’est un groupe d’hommes et de femmes liés par une idéologie qu’ils défendent ensemble et qu’ils travaillent à fédérer du monde autour de cette idéologie, pour conquérir et exercer le pouvoir d’État. MOELE-BENIN poursuit sa marche de construction et de développement de notre pays au moyen du patriotisme économique qui consiste à produire ce que nous consommons et à consommer ce que nous produisons pour mettre la jeunesse au travail et enrichir notre pays et lui permettre ainsi d’autofinancer son développement. Pour le moment nous observons notre échiquier politique et n’hésiterons pas à créer des passerelles d’échange avec les partis politiques qui partagent la même vision que nous.
Avez-vous un appel à lancer ?
Sept ans d’existence pour MOELE-BENIN, c’est 7 ans de gestion des Hommes, de mobilisation de citoyens autour d’un idéal pour en faire des militants ; c’est l’âge de raison. Je salue les militantes et militants de MOELE-BENIN pour le travail accompli dans la patience et l’endurance, et les invite à la persévérance et à la sérénité, car la marche annonce des résultats prometteurs au regard de notre idéal. Restons accrochés, mobilisés et déterminés pour que l’histoire nous donne raison.
Propos recueillis par Paul AMOUSSOU et Moïse DOSSOUMOU