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Énième tragédie sur l’axe routier de Dassa-Zoumè : des drames à répétition qui interrogent

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Ange M’poli M’TOAMA

Encore un drame sur la route à Dassa-Zoumè. C’est donc devenu récurrent de compter des morts sur cet axe routier. En effet, un nouvel accident de la circulation a coûté la vie à cinq personnes et fait cinq blessés graves ce samedi 26 juillet 2025. Une scène de désolation de plus sur cet axe routier tristement célèbre, devenu au fil des ans un véritable cimetière à ciel ouvert. Le choc est profond, mais il n’est plus nouveau. Il devient presque banal tant les drames s’enchaînent à un rythme glaçant à ce niveau.

Que se passe-t-il réellement sur cette portion de route ? Pourquoi Dassa-Zoumè est-elle si régulièrement frappée par de tels accidents, souvent meurtriers ? L’heure n’est plus aux simples constats. Il faut interroger en profondeur les causes de ces tragédies en série. Sur le plan rationnel, les explications peuvent s’orienter vers des défaillances mécaniques, les surcharges, les imprudences au volant ou les mauvais états des infrastructures. On observe que les véhicules mal entretenus croisent des camions surchargés à vive allure, sur des tronçons parfois étroits et mal éclairés. En somme, il y a encore des problèmes à régler dans le système de transport interurbain malgré le renforcement des contrôles routiers.

Mais à force de répétition, la question dépasse le champ de la mécanique et interpelle bien plus largement. Dans un pays où le Vodun et les croyances traditionnelles structurent encore fortement l’imaginaire collectif, certains commencent à voir dans cette succession de drames un signe. À Dassa, terre de collines et de cultes anciens, il n’est pas à exclure de prendre en compte des vocables mystiques pour expliquer les drames répétitifs à ce niveau. Dans la bouche de nombreux habitants, l’accident n’est plus perçu comme un simple événement mécanique. Il devient un fait chargé de sens mystique.

« Ce n’est pas normal que cette route tue autant de monde. Il faut consulter les devins, faire des sacrifices s’il le faut », confie un habitant. Ce discours, s’il peut paraître irrationnel à certains, reflète une détresse profonde et une volonté de comprendre l’incompréhensible. Lorsqu’aucune mesure concrète ne suffit à enrayer la série noire, la population se tourne vers le spirituel, le sacré, le symbolique.

Face à cette situation, le silence devient de plus en plus pesant. Depuis la tragédie de janvier 2023 qui reste la plus meurtrière de ces dernières années, peu d’actions visibles ont été entreprises en lien avec des croyances et des codes culturels locaux, alors même qu’ils pourraient contribuer à une approche plus intégrée.

Il ne s’agit pas de céder à la superstition, mais de reconnaître que la sécurité routière est aussi une question sociale, culturelle et symbolique. Pourquoi ne pas imaginer un dialogue entre ingénieurs, urbanistes, autorités locales, leaders religieux et dignitaires traditionnels ? Pourquoi ne pas envisager une cérémonie de réconciliation spirituelle sur cette route maudite, en parallèle d’un plan d’urgence pour sa sécurisation ? L’Etat a installé un comité des rites qui pourrait questionner le Fâ et entreprendre des actions afin de conjurer définitivement le mauvais sort.

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