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Vacances pour les enfants : Trois facteurs nécessaires pour y adhérer

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Tout apprenant, à la fin de l’année scolaire, nourrit l’envie d’aller passer les vacances ailleurs. Pour réaliser ce vœu, nombre de parents sacrifient à la tradition en envoyant leurs enfants dans une autre famille. Cette aventure est susceptible d’impacter les vacanciers aussi bien positivement que négativement. Face à cette réalité, envoyer les enfants en vacances requiert l’observance de facteurs nécessaires.

Fidégnon HOUEDOHOUN

Aller en vacances, une tradition qui, en principe, se renouvelle chaque année chez plusieurs apprenants. L’exception ne fait pas la règle chez Rosalie Dovi, cadre de l’administration publique. En effet, les dimanches à l’église, elle ne passe pas inaperçue à cause de ses trois filles et son garçon. Ces deux derniers dimanches, même si sa présence retient l’attention comme d’habitude, de nouveaux visages lui tiennent compagnie hormis sa fille aînée admise au Baccalauréat qui doit remplir des formalités dans le cadre de son inscription à l’université. Approchée pour en savoir plus sur les nouveaux visages en sa compagnie, elle a confié sans hésiter que ce sont des vacanciers. « Celle de teint clair est la fille de mon frère qui est à Lokossa. Elle vient de passer en classe Terminale. Les deux autres, enfants de ma grande sœur, viennent de Bohicon. Le garçon passe en classe de quatrième et sa grande sœur en classe de Terminale. Mes deux autres filles sont aussi allées en vacances au village à Dogbo et leur petit frère à Lomé chez la sœur de mon époux », a-t-elle précisé.

 En plus des vacanciers de Rosalie, de nombreux autres visages sont croisés ce dimanche à l’église. « Mon nom, c’est Diane Kouamé. J’ai 17 ans et je passe en Terminale. Je viens d’Abidjan en Côte d’Ivoire pour passer au moins un mois de vacances auprès de ma grand-mère maternelle ici à Cotonou », a-t-elle confié avec enthousiasme.

Diverses raisons pour aller en vacances

Si le phénomène des vacanciers perdure et n’est plus à démontrer, les motifs varient d’un individu à un autre. Rosalie a envoyé ses enfants à Dogbo pour leur donner l’occasion d’expérimenter d’autres réalités. « Là où elles sont allées, il n’y a pas d’électricité, sinon un groupe électrogène de leur pépé et quelques dispositifs de lampes solaires. Donc pas d’abus dans l’utilisation du courant. Juste le minimum pour charger les téléphones et d’autres besoins nécessaires comme l’éclairage. Il n’y a pas de l’eau de Soneb là-bas. C’est le forage qu’il faut utiliser. Il faut aussi aller à la ferme même si elles ne savent pas labourer la terre. Voilà tant de réalités qui vont les amener à comprendre que la vie n’est pas seulement celle qu’elles ont connue. Toutefois, elles sont les chéries de leur grand-père. Donc, je n’ai pas à m’inquiéter », a-t-elle fait savoir.

Eveline Dovi, même si ce n’est pas sa première fois à Cotonou, a quitté Lokossa dans l’espoir de profiter des vacances pour découvrir des endroits comme la ‘‘Place de l’Amazone, la ‘‘Statue Bio Guera’’, l’Université d’Abomey-Calavi, la plage et bien d’autres lieux. Edgard Amoussou, passe en classe de Seconde. Il a quitté Bopa pour passer des vacances et chercher des jobs pour pouvoir aider les parents à la rentrée des classes. « Les parents n’ont pas assez de moyens. Je suis venu rester avec mon grand frère pour faire un peu de job. Cela va me permettre de préparer ma rentrée. Je vends avec des gens à Missèbo », a-t-il signalé.

A ceux-là, s’ajoutent ceux qui viennent en vacances dans le but de s’initier à un art tel que l’informatique, le karaté, le permis de conduire, la coiffure et bien d’autres activités. Ayant souligné que les vacances sont d’une importance capitale pour les apprenants, Jean-Luc Aïglo, doctorant en socio anthropologie, a fait observer que cette variété de motifs permet aux concernés de vivre d’autres réalités que celles auxquelles ils sont habitués et de gagner aussi en esprit critique qui apporte un plus à leur maturité. « Les vacances sont une période stratégique pendant laquelle on se ressource pour mieux affronter une nouvelle rentrée. Les vacances permettent aussi d’être confronté à de nouvelles réalités et sous d’autres cieux, cela est recommandé », a-t-il fait savoir.

D’autres facettes de l’aventure

Même si aller en vacances est le souhait de tout apprenant en l’occurrence ceux qui passent en classe supérieure, des incommodités subies ont fait perdre à certains parents l’envie d’honorer ce souhait de leurs enfants. C’est le cas de Kévin, officier des Forces de Défense et de Sécurité. L’année écoulée, sa fille a eu le BEPC ainsi que celle de sa sœur, orpheline de père. Malheureusement, les deux sont revenues des vacances chacune en état de grossesse. « Lorsque ma fille a voulu passer les vacances auprès de sa grande sœur qui est déjà au Campus universitaire d’Abomey-Calavi, j’ai convaincu ma sœur pour que ma nièce aussi y aille. Ce qu’elles ont eu de mieux à faire, c’est de tomber enceinte. Et c’est ainsi que la déception a été grande. Ma sœur m’a tenu pour responsable et je pense qu’elle a raison. Je ne peux plus envoyer un enfant en vacances, même pas un garçon », s’en est-il désolé.

Justine, promotrice d’un restaurant à Cotonou, a envoyé sa fille en vacances au village à Savè. Mais cette dernière de son retour, a commencé à présenter des troubles de la sorcellerie. « Depuis son retour, elle était devenue vraiment étrange. Pendant la nuit, on ne dort pas. Elle délirait. Qu’elle voyageait avec sa tante et qu’elle allait à des festins dans des arbres, dans des montagnes et qu’elle avait un oiseau de voyage nocturne. Elle est même rentrée avec une petite calebasse de sorcier cachée dans ses affaires. Il a fallu courir d’exorciste en exorciste pour pouvoir annuler le sortilège et aujourd’hui, elle est calme », a-t-elle fait savoir.

Tant de mauvais souvenirs qui ne donnent pas envie d’envoyer les enfants en vacances. De nombreux autres parents ont estimé qu’au regard des intérêts d’aller en vacances, les désagréments subis ne doivent guère enlever le désir d’offrir ce vœu aux enfants. Jean-Luc Aïglo a suggéré un suivi et une analyse minutieux pour s’assurer de l’éthique et de la moralité de la famille d’accueil du vacancier. « Poussé par la jalousie et le mépris, des personnes peuvent avoir un mauvais œil sur l’enfant sans que ses parents s’en aperçoivent. Une fois l’enfant en vacances chez elles, elles peuvent lui nuire spirituellement en compromettant son avenir », a-t-il souligné    

Trois facteurs conditionnant les vacances

Le spécialiste socio anthropologue, Afissou Bélo a mis en avant trois facteurs qui conditionnent les vacances chez l’apprenant quoique l’impact soit positif ou négatif. « Le premier facteur est relatif au contexte. Le contexte dans lequel l’enfant est envoyé en vacances est important. Lorsque l’année scolaire de l’enfant est couronnée de succès, l’enfant est prêt à passer brillamment les vacances. Mais lorsqu’il échoue, il peut ne pas être motivé par les vacances. Il aura du mal à annoncer son échec là où il va en vacances. Le deuxième facteur, ce sont les préparatifs des vacances. Au cours de l’année scolaire, la préparation psychologique accompagne l’excitation ou non à aller en vacances chez l’enfant. Par exemple dire à l’enfant : ‘‘lorsque tu auras une forte moyenne pour passer en classe supérieure ou à ton examen, tu auras des vacances surprises de façon explosive’’, cela prépare psychologiquement l’enfant. Le troisième facteur est lié à la perception que l’enfant a de chez qui il va en vacances. Si l’enfant a une bonne impression de celui chez qui il va en vacances, il est excité. Le cas contraire va le démotiver. Tout cela conditionne l’impact positif ou négatif que les vacances peuvent avoir sur l’enfant », a précisé Afissou Béllo.

Il a également ajouté que ce que l’enfant va découvrir de nouveau lors des vacances conditionne ses ressentis. « Lorsque l’enfant de la ville passe ses vacances dans la campagne, il est content de découvrir un monde constitué de la végétation, des champs, de la chasse, des animaux et des oiseaux qu’il ne voyait que dans les ouvrages. De même, celui qui vient en vacances en ville est ébloui par le développement urbain. Et surtout, lorsqu’il y a suffisamment de la nourriture à la disposition de l’enfant, il a l’impression d’avoir passé de bons moments pendant les vacances », a-t-il souligné. Ses différents facteurs, les parents doivent y veiller pour assurer des vacances moins stressantes aux enfants.

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