0 CFA

Votre panier est vide.

Invitation de deux pays de l’AES au défilé du 1er août : le Bénin fidèle à sa logique de décrispation

Date :

Ange M’poli M’TOAMA

Une nouvelle tentative de décrispation de Patrice Talon à l’endroit des pays de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes). Du moins, il maintient sa main tendue aux pays frères de ladite alliance. Dans un geste aussi inattendu que symbolique, le gouvernement béninois a, en effet, invité deux pays membres de l’Aes aux festivités officielles marquant la 65e fête de l’indépendance du Bénin, notamment au défilé militaire prévu le 1er août prochain. L’annonce a été faite hier par Wilfried Léandre Houngbédji, porte-parole de l’Exécutif. Cette décision marque la volonté de Cotonou de retrouver les bonnes relations avec ces pays et le retour de la collaboration sous-régionale contre l’insécurité transfrontalière.

Dans ce contexte de tension, l’invitation adressée par le Bénin à deux de ces pays à participer à sa fête nationale apparaît comme une action diplomatique audacieuse. Elle s’inscrit dans une série de gestes de détente engagés par le président Patrice Talon depuis plusieurs mois. Pour rappel, le chef de l’État béninois avait déjà envoyé des émissaires à Niamey et transmis des correspondances officielles au général Abdourahamane Tiani, président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), afin de rétablir un dialogue entre les deux capitales. Jusqu’à présent, en vain.

Ainsi, cette nouvelle initiative de Cotonou sonne comme une relance du processus de rapprochement. Plus qu’un simple protocole diplomatique, elle traduit la volonté du Bénin de maintenir un canal ouvert avec ses voisins, malgré les divergences politiques. Car, au-delà des considérations idéologiques ou institutionnelles, les États riverains du Sahel font face à un ennemi commun : l’insécurité grandissante, notamment dans les zones frontalières entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso.

D’ailleurs, le nord du Bénin, en proie à des incursions terroristes régulières, ne peut être efficacement sécurisé sans une coordination régionale, même minimale. Le pragmatisme de cette main tendue traduit donc aussi une urgence sécuritaire : celle de mutualiser les efforts pour endiguer la menace djihadiste dans la zone des trois frontières. Le président Talon semble ainsi jouer la carte de la lucidité stratégique, privilégiant la coopération régionale et sécuritaire à la crispation diplomatique.

De toute façon, c’est un signal fort dans un climat régional marqué par la tension, la méfiance et la rupture diplomatique entre Cotonou et plusieurs régimes militaires sahéliens, notamment le Niger et le Burkina-Faso. Faut-il le rappeler, depuis le coup d’État intervenu au Niger le 26 juillet 2023, les relations entre le Bénin et son voisin du Nord-Est sont devenues plus que turbulentes. Fermeture des frontières, suspension des accords de coopération, accusations croisées : les lignes de fracture se sont creusées, installant une méfiance durable. Cotonou, pourtant engagée aux côtés de la CEDEAO pour un retour à l’ordre constitutionnel, a aussi vu se refroidir ses rapports avec Ouagadougou, autre membre de l’AES, regroupement politique et militaire créé en réaction aux critiques internationales contre les régimes putschistes du Sahel.

Reste à savoir tout de même, si cet appel de pied trouvera écho du côté des régimes de Niamey, Ouagadougou et Bamako. L’acceptation de l’invitation ou son refus dira beaucoup sur l’évolution possible du climat sous-régional dans les mois à venir. En attendant, le Bénin, par ce geste d’ouverture à l’occasion de sa fête nationale, pose un acte de responsabilité géopolitique qui pourrait bien inspirer d’autres capitales de la région.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Partager

spot_img

Populaires

dans la même catégorie
Articles