La Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a rendu, le mercredi 9 juillet 2025, son verdict dans l’affaire de détournement de deniers publics à la Société de Radiodiffusion et de Télévision du Bénin (SRTB), anciennement ORTB. À l’issue du procès, sept des neuf accusés ont été condamnés à des peines de prison ferme assorties d’amendes et de lourdes sanctions financières. Les deux autres ont été acquittés au bénéfice du doute.

Arsène AZIZAHO
Le verdict est tombé. L’affaire concerne des faits présumés de détournement de fonds publics, d’association de malfaiteurs, de blanchiment de capitaux, de complicité et de recel, reprochés à plusieurs anciens responsables de l’ex-ORTB. Les accusés, en majorité issus de l’antenne régionale de Parakou, étaient soupçonnés d’avoir organisé un système de détournement en bande organisée, avec la complicité de prestataires et de collaborateurs internes. Lors des audiences, le ministère public avait requis de lourdes peines à l’encontre des principaux accusés. Il avait notamment demandé 15 ans de prison ferme et 10 millions de francs CFA d’amende contre l’ex-directeur financier de l’office, et 10 ans de prison avec une amende similaire contre l’ancien chef du service comptabilité de l’antenne de Parakou. D’autres mis en cause, dont l’ex-directrice de l’antenne régionale de Parakou et plusieurs collaborateurs, risquaient entre 4 et 5 ans de réclusion.
Verdict de la Cour
Toutefois, dans son verdict, la Cour n’a pas suivi entièrement les réquisitions du parquet. Elle a d’abord requalifié certains faits, puis prononcé des peines plus mesurées, bien qu’ importantes. L’ancien directeur financier et trois de ses collaborateurs de la direction comptable ont été reconnus coupables de détournement de deniers publics et de blanchiment de capitaux. L’ex-directrice de l’antenne régionale de Parakou a été déclarée coupable de complicité de détournement de deniers publics et de blanchiment. Un de ses collaborateurs a été condamné pour fausse attestation et complicité. Le prestataire impliqué dans le dossier a également été reconnu coupable de fausse attestation et de complicité. Deux accusés ont été relaxés. En effet, la Cour a estimé que les charges à leur encontre n’étaient pas suffisamment établies.
En ce qui concerne les peines prononcées, l’ancien directeur financier écope de 10 ans de prison ferme, assortis d’une amende de 100 millions de francs CFA. L’ancien chef du service financier de Parakou a été condamné à 7 ans de réclusion ferme et à 100 millions de francs CFA d’amende. L’ex-directrice de l’antenne de Parakou a, quant à elle, écopé de 4 ans de prison ferme et devra s’acquitter d’une amende de 10 millions de francs CFA. Son collaborateur écope de la même peine. Les deux collaborateurs de la direction financière ont été condamnés à 5 ans de prison ferme chacun, avec une amende de 10 millions de francs CFA. Le prestataire, seul acteur externe dans cette affaire, purgera 4 ans de prison et devra lui aussi verser une amende de 10 millions de francs CFA.
Confiscation des biens
La CRIET n’a pas seulement infligé des peines privatives de liberté. Elle a également ordonné la confiscation des biens appartenant aux accusés. Des parcelles situées à Fidjrossè, Abomey-Calavi et Ouidah, ainsi que plusieurs maisons bâties et véhicules, ont été saisis au profit de l’État. Les comptes bancaires des condamnés ont également été gelés et leurs avoirs confisqués. En plus des amendes, la Cour a condamné les accusés à payer des dommages et intérêts à la SRTB, représentant l’État béninois. Le montant s’élève à plus de 147 millions de francs CFA pour l’ancien directeur financier. Le chef du service financier de Parakou devra payer 40 millions de francs CFA. L’ex-directrice de l’antenne régionale de Parakou est tenue de verser 12 millions de francs CFA. Quant à l’ancien chef service financier de la direction de Cotonou, il est condamné à 18 millions de francs CFA de dommages et intérêts. A noter que tous les accusés disposent d’un délai de 15 jours pour interjeter appel de cette décision.